Dans le cadre de notre dossier « Visionnaires de l’I.A : Comment l’intelligence artificielle façonne le monde de demain », Vincent Levorato a partagé avec nous son regard éclairé sur les avancées de l’année passée et les défis majeurs à venir dans le domaine de l’I.A.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis à mon compte depuis 6 ans, en tant qu’indépendant, Data Scientist et Architecte de Solutions en IA.
Quelles sont les dernières avancés et innovations dans le domaine de l’IA qui ont retenu votre attention récemment ?
Côté IA Générative d’abord, les modèles de langage sont de plus en plus optimisés, abordables et frugaux comme par exemple les Small Language Models (SLM). De plus, les modèles multi-modaux sont maintenant à la portée de tous, permettant de mettre en place des services innovants très rapidement. Et sans parler de tout ce qui se fait autour de l’image, de la vidéo ou du son, le fait d’avoir des compagnons de type LLM, avec tous les défauts qu’ils ont, permet à des profils techniques d’accélérer réellement leur productivité : je le constate tous les jours, en faisant partie moi-même. Ensuite côté IA classique, on sent que la maturité commence à être là, même si des disparités subsistent encore entre les grandes métropoles et la Province, l’accent étant mis sur l’obtention de données de qualité, avec des process de data engineering avancés et maitrisés (pré-requis à l’usage de l’IA).
Quels secteurs ont le plus bénéficié de l’intégration de l’IA ?
La tech bien entendu, mais aussi la santé, la finance, le retail, l’industrie, le marketing et la pub pour ne citer que les plus cités dans l’actualité. Et aussi un secteur touché à part : le créatif.
Comment voyez-vous l’avenir de l’IA et son impact sur la société ?
L’avenir de l’intelligence artificielle est prometteur et complexe, avec des impacts importants sur la société. Les progrès récents ont permis des applications variées dans des domaines comme la santé, la finance, le commerce et l’industrie, comme cité plus haut. Toutefois, l’IA influencera aussi le marché du travail par l’automatisation, avec des impacts différents selon les secteurs. Si l’IA pourrait stimuler la croissance économique, elle soulève des défis en matière d’éthique, d’inégalités et de formation des travailleurs. En somme, l’IA transformera les industries et le quotidien, tout en demandant une gestion attentive de ses effets.
Quel est votre avis sur l’impact qu’a et aura l’IA sur l’emploi en France?
Contrairement aux prédictions alarmistes initiales, l’IA ne semble pas entraîner une destruction massive d’emplois. Une étude américaine de 2013 prévoyait que 47% des emplois seraient menacés dans les 10 ans, mais ce scénario ne s’est pas concrétisé. Les estimations actuelles sont beaucoup plus modérées. De fait, selon la Commission de l’IA française, seulement environ 5% des emplois en France seraient directement remplaçables par l’IA. Ce chiffre relativement faible s’explique par le fait que l’IA remplace des tâches plutôt que des emplois entiers. Dans 19 emplois sur 20, il existe des tâches que l’IA ne peut pas accomplir. L’IA est également créatrice d’emplois : – Elle stimule la croissance dans certains secteurs, notamment le numérique. – De nouveaux métiers émergent, liés directement à l’IA et son développement. – Les entreprises qui adoptent l’IA constatent en moyenne une augmentation de l’embauche grâce aux gains de performance. Certains secteurs sont plus touchés que d’autres : – Les métiers de la communication, des médias, et de l’ingénierie sont particulièrement impactés. – Les activités de montage, de communication, de marketing et de rédaction sont radicalement transformées, et pour avoir travaillé à Prisma Media, leader en France de la presse magazine, j’en sais quelque chose. Selon moi, bien que l’IA ait un impact significatif sur l’emploi en France, cet impact semble être plus transformatif que destructeur. Avec une approche proactive et bien encadrée, l’IA pourrait même devenir un moteur de croissance et d’amélioration des conditions de travail.
Quels sont les principaux défis éthiques liés à l’IA et comment les abordez-vous dans votre travail ?
Pour ma part, je suis surtout concerné par l’atteinte à la vie privée sur laquelle il faut être très vigilant quand on utilise des outils d’IA, notamment sur étagère.
Quelles sont, selon vous, les opportunités et les défis futurs pour les experts en IA, notamment en ce qui concerne l’évolution de la technologie et de la réglementation ?
L’évolution rapide de l’intelligence artificielle offre des opportunités significatives pour les experts. Celle-ci transformera en profondeur la santé, l’économie, l’environnement et la gouvernance, et la demande pour ces compétences augmente, avec 32% des entreprises prévoyant d’investir davantage dans l’IA, selon un rapport Docusign de septembre 2024. Cependant, des défis subsistent, tels que la pénurie de compétences, les enjeux éthiques, la réglementation évolutive, et la gestion du changement organisationnel. Les experts devront également collaborer avec d’autres disciplines pour maximiser l’impact de l’IA.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans une carrière dans l’IA ?
Pour démarrer une carrière en IA, voici quelques conseils clés : – Développer des compétences techniques : apprendre Python et SQL, ainsi que les bibliothèques de manipulation de données principales comme Pandas et NumPy, et se familiariser avec quelques librairies notables (scikitlearn pour débuter, pas de deep learning dans un premier temps). – Acquérir une expérience pratique : travailler sur des projets personnels pour créer un portfolio (avoir son propre repo est un +). – Développer le réseau professionnel : LinkedIn est la meilleure porte d’entrée à développer. – Explorer les formations : suivre des cours spécialisés ou envisager une reconversion si vous venez d’un autre domaine, mais attention, le marché a vu le besoin d’avoir des Data Scientists un peu partout supplanté par le métier de Data Engineer (ou ML Engineer dans le meilleur des cas).
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