Si l’UE bénéficie aujourd’hui d’une loi régissant l’utilisation de l’IA, l’AI Act, les États-Unis, de son côté, semble vouloir libérer tout le potentiel de cette technologie en supprimant toutes les régulations. C’est du moins ce que souhaite le président réélu dernièrement, Donald Trump. Selon lui, les mesures de protection contre l’IA ne servent à rien et il veut à tout prix annuler le décret qui imposait ces mesures.
La guerre va alors éclater entre Gavin Newsom, gouverneur de Californie, et Donald Trump, nouveau président américain.
Newson, accompagné des législateurs californiens, tentent de protéger le pays contre cette décision de Trump.
Mais y arriveront-ils à faire face au nouveau président ? En tout cas, il y aura une session législative spéciale qui débutera le 2 décembre prochain.
Trump et la Californie en conflit sur les régulations de l’IA
Donald Trump a annoncé son intention de révoquer le décret présidentiel de Joe Biden établissant des recommandations volontaires en matière de régulation de l’intelligence artificielle pour les entreprises technologiques et les agences gouvernementales.
Les militants redoutent également que la future administration n’utilise ces technologies pour faciliter des expulsions massives, conformément à ses promesses de campagne.
Pendant ce temps, la Californie a déjà entrepris des démarches réglementaires sur l’IA plus tôt dans l’année.
Les législateurs locaux suggèrent néanmoins que d’autres priorités pourraient monopoliser l’attention lors de la session extraordinaire de Newsom.
Néanmoins, les observateurs perçoivent les prémices d’un potentiel nouveau front politique.
L’intelligence artificielle pourrait rapidement évoluer d’un sujet technique abstrait vers un terrain de confrontation entre l’administration Trump et les dirigeants démocrates californiens.
Cette émergence représenterait une opportunité supplémentaire pour les démocrates de contester les orientations de Trump. Mais aussi de ses nouveaux alliés technologiques qui, eux aussi, plaident pour un désengagement réglementaire dans le domaine de l’IA.
BREAKING: Gavin Newsom just released this powerful video showing how he’s going to defend Californians from Trump. This is how it’s done. pic.twitter.com/AnEmwngkMr
— Democratic Wins Media (@DemocraticWins) November 9, 2024
Un risque inacceptable pour la sécurité et les droits civiques
Quoi qu’il en soit, les experts en sécurité de l’intelligence artificielle ne se focalisent pas vraiment sur des scénarios apocalyptiques hypothétiques.
Ils s’inquiètent plutôt de l’utilisation des outils d’IA dans des domaines sensibles. Notamment la santé, le logement, l’emploi, les applications juridiques, l’immigration et les secteurs militaires.
Ces spécialistes soulignent d’ailleurs que les risques concrets liés à ces technologies tournent autour de la discrimination. Maus aussi la surveillance invasive et la violation des droits civiques.
De son côté, Samantha Gordon, directrice des programmes chez TechEquity, pointe une problématique cruciale.
Ces systèmes, bien que conçus pour modéliser des situations, sont de plus en plus utilisés comme des substituts de prise de décision par les secteurs public et privé.
« Utiliser l’IA dans le processus de prise de décision est une pratique que je qualifie d’imprudence » a-t-elle déclaré.
Elle souligne également les dangers potentiels de déléguer des choix critiques à des algorithmes dépourvus de discernement éthique.
« Il n’y a pas vraiment de régulations de l’IA à déréglementer »
Il faut reconnaître que la suprématie californienne dans le domaine de l’intelligence artificielle s’explique en grande partie par un environnement concurrentiel quasi inexistant.
Au niveau national, le paysage législatif reste largement inchangé, avec un Congrès qui, jusqu’à aujourd’hui, n’a pas encore produit de réglementation significative sur le sujet.
La députée démocrate Rebecca Bauer-Kahan souligne d’ailleurs cette carence réglementaire.
Selon elle, face aux velléités de dérégulation de Trump et de la majorité républicaine, il existe très peu de dispositifs à démanteler.
En l’absence de cadre légal fédéral, le président Biden a pris l’initiative en octobre 2023 de publier un décret établissant des principes directeurs pour l’utilisation de l’IA.
Il s’agit d’un texte qui repose généralement sur cinq axes politiques. Donc de protéger le public américain lors de la conception, l’utilisation et le déploiement de systèmes automatisés.
Le décret enjoint alors les agences fédérales à élaborer des stratégies favorisant simultanément l’innovation technologique et la protection contre les risques.
Dans la foulée, l’administration a créé l’US AI Safety Institute, hébergé au sein du ministère du Commerce.
Celui-ci vise à renforcer les mécanismes de supervision et de sécurité dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Gavin Newsom: We must protect California’s values from Donald Trump
California’s values: pic.twitter.com/7BTZnNB5yY— Kevin Dalton (@TheKevinDalton) November 7, 2024
Dès le premier jour de son mandat …
Donald Trump a d’ores et déjà annoncé son intention de révoquer le décret de Biden. Même dès son premier jour de mandat.
La plateforme républicaine de 2024 qualifie ce texte d’entrave à l’innovation technologique. Mais l’accuse également d’imposer des perspectives idéologiques radicales au développement de l’IA.
Sous une nouvelle administration, des agences comme le département de la Sécurité intérieure pourraient bien bénéficier d’une marge de manœuvre considérablement élargie.
Les défenseurs des droits soulignent pourtant que les garde-fous existants étaient déjà particulièrement ténus.
Et d’après le rapport de l’organisation Mijente, le département n’a même pas donné suite aux recommandations limitées de l’administration Biden.
Après la victoire électorale de Trump, certains acteurs du secteur technologique ont manifesté un optimisme qui tombe sous le sens.
Comme le cas de Marc Andreessen, influent investisseur, qui a publiquement proclamé sur X la fin des restrictions.
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