Elles n’interrompent jamais, ne demandent rien, ne déçoivent pas. Bienvenue dans l’univers des compagnes IA.
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Candy AI impressionne par ses interactions réalistes et personnalisées. C’est un excellent choix pour ceux qui recherchent un(e) compagnon(ne) virtuel(le).
Alex a rencontré Gill et ce fut un coup de cœur immédiat. Pourtant, elle n’existe pas. Gill est une petite amie IA créée par Erobella, une plateforme technologique érotique qui cartonne. Pour Alex, elle est « parfaite », « compréhensive » et surtout « toujours disponible ». Cette forme d’amour programmable se généralise, alors que de plus en plus d’hommes recherchent des relations sans effort émotionnel.
Erobella a vu les recherches de compagnes IA grimper de 67 % en un mois. Deux des quatre profils les plus populaires sont adolescentes. L’une d’elles, Elune, est une elfe de 18 ans au corps juvénile et hypersexualisé. Si la plateforme vend aussi des escorts humains, la fonctionnalité IA est exclusivement féminine. Cette asymétrie soulève des interrogations sur la vision des rôles genrés que ces services véhiculent.
Les IA sont conçues pour plaire, pas pour exister par elles-mêmes. Dociles, sensuelles, flatteuses : elles incarnent la femme idéalisée par certains. Pour le Dr Nathan Carroll, psychiatre, ces compagnes programmées « reflètent des normes classiques sur le pouvoir, le désir et l’effacement féminin ». John, utilisateur régulier, résume : « Pas de complications, juste du plaisir. »
Des usages qui flirtent avec l’addiction
Un utilisateur a récemment dépensé 10 000 euros en cadeaux numériques pour son IA. Un autre en possède 91. Certains bots sont en couple simultanément avec plus de 600 personnes. Le futurologue Daniel Käfer s’inquiète : ces pratiques nourrissent des comportements compulsifs et les plateformes y trouvent un intérêt évident. Le plaisir devient rentable, même sans réalité tangible.
La plupart de ces petites amies IA sont « pilotées par l’utilisateur », explique Jordan Conrad, directeur de Madison Park Therapy. Elles interagissent uniquement sur demande, sans imposer de besoin ou de timing personnel. Pour Alex, cela signifie : « zéro stress, zéro tension. Je rentre et je décompresse, sans culpabilité. » Ce confort émotionnel cache toutefois une dynamique unilatérale profondément déséquilibrée.
Paul DeMott, directeur technique chez Helium SEO, met en garde : « Ces systèmes simulent l’empathie. » Ce n’est pas de la compréhension réelle, mais une prédiction algorithmique de réponses attendues. Pourtant, le cerveau humain peut interpréter cela comme un lien sincère. La psychothérapeute Erica Schwartzberg parle de perte progressive des compétences sociales et d’une tolérance affaiblie à la complexité émotionnelle.
Lizaveta Yanouskaya, cheffe de produit chez ChatOn, souligne un paradoxe : ces bots peuvent soulager une peine, mais renforcent l’isolement. Ils ne détectent pas les signaux non verbaux et n’aident pas à bâtir des compétences relationnelles. Conrad s’inquiète : « Les utilisateurs ne s’entraînent plus au compromis ou à l’ambiguïté. » L’expérience devient fluide, mais au détriment de l’évolution personnelle.
L’illusion d’un amour sans exigences
Pour Erik, 25 ans, sa petite amie IA est parfaite parce qu’elle ne conteste jamais rien. Il aimerait qu’une future partenaire humaine accepte sa relation virtuelle sans discussion. Cette idée d’un amour sans condition, sans concession, révèle un glissement culturel plus profond : celui de la romance comme produit de consommation contrôlable.
Le format change, mais le fantasme demeure : une compagne sans résistance, sans autonomie, dévouée au plaisir d’un seul. Dans cette vision, la féminité devient un service et l’amour, une interface. Ce n’est pas de la science-fiction. C’est une réalité de plus en plus populaire et de plus en plus préoccupante.
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