Les images de style Ghibli ont inondé Internet et les réseaux sociaux ces derniers jours. Instagram, X, Facebook, aucune plateforme n’échappe à l’engouement de cette tendance. Tout le monde s’est mis à transformer ses images pour ressembler aux personnages du Voyage de Chihiro. Sauf que ce n’est pas au sein du studio que les utilisateurs ont généré ces images. Le style est l’œuvre du Studio japonais Ghibli qui, par le biais de Hayao Miyazaki, a exprimé son mécontentement, indiquant qu’il s’agit d’une violation du droit d’auteur.
À titre d’information, ce n’est pas avec DALL-E, intégré à ChatGPT, que l’on peut générer ou convertir une image en style Ghibli.
C’est plutôt après l’intégration d’un modèle natif de génération d’images sur GPT-4o que la tendance est devenue virale.
Et d’un côté, c’est un réel avantage pour OpenAI puisqu’en une seule journée, ChatGPT a gagné un million d’utilisateurs de plus.
Pour le Studio Ghibli, il s’agit d’in véritable dilemme artistique et les artistes n’approuvent pas du tout cette pratique.
Atteinte au droit d’auteur
À l’heure actuelle, le nombre d’utilisateurs utilisant ChatGPT, ou autres plateformes comme celle de PixelByte pour transformer leurs vidéos en style Ghibli, continue d’augmenter.
Et l’usage ne se limite pas seulement à l’amusement. Certains ont même créé des images Ghibli des personnalités politiques.
Or, au fur et à mesure où la tendance se propage, on se demande si cet engouement ne porte pas atteinte au droit d’auteur et aux propriétés intellectuelles.
Il y a aussi la question éthique sur l’imitation d’un artiste vivant et l’utilisation de son œuvre pour créer une copie.
Je ne vais pas répondre à cette question, mais les réponses du juriste (dans la dernière partie de cet article) qu’on a interrogé sur cette affaire vous permettront d’y voir plus clair.
Le fondateur de Ghibli s’insurge contre les créations générées par IA
Générer des images ressemblant à un œuvre d’un studio d’animation, ce que l’on appelle, le fan art, ne date pas d’hier.
On a déjà créé des répliques depuis que l’animation existe. Et d’habitude, les maisons de production ont toujours toléré la pratique.
Mais il faut tout de même respecter certaines conditions, notamment en pas utiliser les images à des fins commerciales.
Pourtant, avec l’intégration du modèle de génération d’images natif à GPT-4o, tout le monde est devenu un artiste en soi.
On n’a d’ailleurs pas besoin de notion ni de compétence pour créer des fans art de style Ghibli. Et en plus, l’outil est disponible même pour les comptes gratuits.
Parallèlement, il suffit de quelques minutes pour créer ou convertir une image en un œuvre de style Ghibli.
Or, les vrais créateurs ont passé des mois et des années à créer cette image de marque. L’arrivée de ChatGPT réduirait ainsi la valeur et l’originalité du Studio.
Pour le fondateur du Studio Ghibli, Hayao Miyazaki, c’est une insulte à la vie elle-même. Pour rappel, en 2016, le Studio a pris une année entière pour animer une scène qui n’a duré que 4 secondes. Vous savez maintenant pourquoi le travail humain est important dans les œuvres du Studio Ghibli.
Les questions juridiques constituent également un autre point à retenir quant à la prolifération des images de style Ghibli.
Les images que nous voyons sur les réseaux sociaux et sur le web imitent fidèlement le style caractéristique du Studio Ghibli.
Ce qui a suscité des questions en ce qui concerne une éventuelle violation des droits d’auteur du Studio.
Studio Ghibli is the true definition of art ✨ pic.twitter.com/MTZ7ApFJJW
— Anime Aesthetics (@anime_twits) March 31, 2025
Mais est-ce vraiment le cas ? ChatGPT a-t-il réellement violé les droits d’auteurs du Studio Ghibli ?
À vrai dire, le droit d’auteur ne protège généralement pas un style visuel comme tel. Les éléments typiques du Studio Ghibli, tels que les arrière-plans oniriques, les yeux agrandis et les créatures fantastiques, ne bénéficient probablement pas de cette protection.
Autrement dit, sans reproduction d’un personnage ou d’une scène précise du studio, il serait compliqué de démontrer une infraction.
Quant aux données d’entraînement du modèle, OpenAI n’a pas mentionné s’ils ont utilisé ou non des images du Studio Ghibli.
Tout ce que l’on sait, c’est que le modèle GPT-4o a été formé sur une grande quantité de données, dont des images de style différent, y compris celui de Ghibli.
Jusqu’ici, il est difficile de confirmer si OpenAI a aussi formé GPT-4o sur des images protégées du Studio Ghibli ou s’il a tout simplement assimilé l’esthétique à travers les œuvres publiques.
Qu’en pensent les juristes ?
Comme indiqué plus haut, nous avons pris la peine de demander à un juriste, Chris Mammen, ce qu’il pense de cette affaire Ghibli.
« Le droit d’auteur ne protège pas les styles, encore moins les idées, du moins aux États-Unis », a-t-il répondu.
« Il n’y a rien de nouveau à ce qu’un artiste crée son œuvre sous le style d’un autre créateur », ajoute-t-il.
Pour le cas de ChatGPT, il y a deux facteurs clés qu’il a transformés pour produire un fan art. Il s’agit de l’échelle et de la fidélité.
En d’autres termes, ce sont la vitesse et le volume de génération, ainsi que sa capacité à imiter avec fidélité le style original du Studio Ghibli.
Ici, le problème, c’est que même si le style visuel du Studio Ghibli n’est pas protégé par le droit d’auteur, il se pourrait qu’il ait adopté d’autres dispositifs pour protéger sa propriété intellectuelle.
Et comme l’a indiqué Mammen, le Studio peut engager une poursuite judiciaire dans le cas où une personne tierce présente une image comme une production officielle de Ghibli.
C’est ce que l’on appelle une fausse désignation d’origine en vertu des lois sur les marques commerciales et la concurrence déloyale.
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