Vous faites certainement partie de ceux qui veulent transformer leurs images en des visuels de style Ghibli. Mais d’abord, savez-vous ce qu’est Ghibli ? Il s’agit en réalité d’un studio d’animation japonais fondé par Hayao Miyazaki, Toshio Suzuki, Yasuyoshi Tokuma et Isao Takahata. On reconnaît directement les œuvres du studio par ses paysages, ses animations, et surtout par la manière dont il illustre et représente les personnages et la nature. Le Château ambulant et Mon Voisin Totoro sont quelques-uns des œuvres intemporelles du Studio Ghibli.
Mais la tendance ne vient pas du Studio lui-même. L’engouement est issu de la capacité de ChatGPT, sous le modèle GPT-4o, à générer ce style d’image.
Une semaine plus tard, internet est inondé d’images dont le style et l’esthétique ressemblent à ceux que l’on trouve dans les œuvres du studio.
Mais le problème, c’est que le fondateur du Studio Ghibli, Hayao Miyazaki, n’a pas mâché ses mots quand il a assisté à une démonstration d’une animation générée par IA en 2016.
Aujourd’hui, on comprend ou est-ce qu’il voulait en venir. Cette pratique ferait référence à un vol d’identité du studio.
Et les artistes sont catégoriquement contre cette tendance. Je vous dirai pourquoi plus tard, mais avant, j’aimerais retenir votre attention sur comment la pratique est devenue virale en si peu de temps.
Le phénomène Ghibli explose grâce à ChatGPT
Il existe plusieurs plateformes qui permettent de créer une image ou de convertir une image existante vers le style Ghibli.
La première d’entre elles n’est autre que ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui vient de bénéficier de l’intégration d’un modèle de génération d’images natif autre que DALL-E.
En une journée, ChatGPT a augmenté de 1 million le nombre de ses utilisateurs. Sam Altman a même prévenu que leurs GPU sont en train de fondre à cause de l’augmentation soudaine de la charge de travail.
Il a même demandé aux utilisateurs de se calmer pour qu’OpenAI puisse instaurer des limites de débit.
Parallèlement, d’autres entreprises, notamment PixelByte, ont aussi développé des applications pouvant générer et convertir des images de style Ghibli.
Comme le cas de Vidy AI, disponible en téléchargement sur Play Store, qui permet même de créer des vidéos de style Ghibli.
Tous ces facteurs réunis ont augmenté la popularité de cette pratique devenue aujourd’hui virale et inarrêtable.
Pourtant, les artistes n’approuvent pas cette tendance
Certes, les utilisateurs s’empressent de générer des images ressemblant à celles du Studio Ghibli, mais la communauté artistique, de son côté, s’inquiète des conséquences de la pratique.
Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce que la magie du Studio Ghibli ne s’est pas construite en un jour.
La création de ces œuvres exige des heures et des jours de travail pour les dessinateurs. Or, aujourd’hui, il nous suffit de quelques minutes pour créer des images, même des vidéos du même style.
En d’autres termes, l’IA ne fait que contourner ce processus de création qui nécessite imagination, réflexion et créativité.
Pour le cas de ChatGPT et des autres IA génératives, il ne s’agit pas de création, mais de génération.
Il n’y a donc pas de créativité ni d’originalité, quitte à dire que c’est de la copie, du plagiat et de vol d’identité du Studio Ghibli.
Les fans de Ghibli affirment même que les œuvres du studio sont marquées par la chaleur des visuels et l’âme des personnages.
Et si on commence à apprécier les images générées par IA, l’artiste perdra son charme et surtout son originalité.
Pour les artistes en devenir, c’est une véritable contrainte puisque le temps passé à apprendre comment créer des œuvres d’art animées sera du gâchis.
This four second crowd scene from Studio Ghibli’s The Wind Rises (2013) took animator Eiji Yamamori 1 year and 3 months to complete pic.twitter.com/RyOngP2o60
— Anime Aesthetics (@anime_twits) March 27, 2025
L’engouement pour les images Ghibli ne faiblit pas, le studio fait face à un dilemme artistique
D’un autre côté, certains artistes, dont Anurag Anand, détenant plusieurs best-sellers à son compte, ne voient pas cette tendance comme une menace.
« Je suis auteur, et en tant qu’artiste et créateur, je dois faire connaître mes œuvres partout dans le monde. À ma place, j’aurais mis en place une plateforme qui permettrait au public de découvrir facilement ce que je fais », a-t-il déclaré.
Et dans ce contexte, la tendance Ghibli constitue un vecteur à ne pas négliger parce qu’elle a permis à certains de connaître le studio, ainsi que les traits caractéristiques de ses œuvres.
Par contre, Miyazaki a raison de s’inquiéter de son identité et du respect des droits d’auteur et des propriétés intellectuelles.
Malgré tout cela, l’engouement autour des images Ghibli ne cesse d’augmenter. Il y a même des utilisateurs qui créent plusieurs identifiants puisque ChatGPT a limité le nombre de générations à 3 images par session pour les comptes gratuits.
Eh oui, on s’amuse beaucoup à transformer nos images en un œuvre du studio Ghibli. Mais on ne se rend pas compte du nombre de jours, de mois et d’années qui a fallu aux créateurs pour ne serait-ce que pour créer un seul film d’animation.
Et c’est là que l’on se rend compte qu’il y a derrière cette tendance une question éthique et artistique que nous devrions nous poser.
Dites-vous que c’est une pratique désillusionnée de l’esprit créatif vis-à-vis de l’art.
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