Un prix de 10 millions de dollars a été lancé pour l'équipe qui parviendra à établir une véritable communication bidirectionnelle avec les animaux. Ce défi révolutionnaire, appelé le Coller Dolittle, est une initiative audacieuse. Elle pourrait changer notre compréhension des animaux et de leur comportement.
Les scientifiques du monde entier sont invités à participer. L'objectif est de décoder les langages animaux et d'ouvrir une nouvelle ère de communication interspécifique.
L'IA comme outil essentiel
L'Intelligence Artificielle (IA) pourrait jouer un rôle clé dans cette quête fascinante. Selon l'Université de Tel Aviv, la technologie de l'IA peut débloquer les mystères de la communication entre espèces.
Jeremy Coller, président de la Fondation Jeremy Coller, a déclaré : « Tout comme la pierre de Rosette a révélé les secrets des hiéroglyphes, je suis convaincu que le pouvoir de l'IA peut nous aider à débloquer les conversations interspécifiques. » Cette analogie illustre bien l'importance de l'IA dans ce projet ambitieux.
Des algorithmes pour traduire les animaux
Les chercheurs ont déjà fait des progrès impressionnants grâce à l'IA. Par exemple, des algorithmes d'apprentissage automatique ont été développés pour traduire les grincements des chauves-souris. Cela permet d'identifier le sujet de leurs querelles. D'autres efforts incluent la décodification des émotions des porcs à partir de leurs grognements.
Ils analysent aussi les grincements des rongeurs pour détecter leur niveau de stress. Le Earth Species Project, un groupe californien à but non lucratif, travaille aussi dans ce domaine. Leur espoir est de développer un système applicable à toutes les espèces.
Un investissement en actions ou en argent ?
Le grand prix offert est un investissement en actions de 10 millions de dollars. Il peut aussi être un prix en espèces de 500 000 dollars.
En outre, on attribuera des prix annuels de 100 000 dollars. Ils aideront les chercheurs à développer des modèles et des algorithmes scientifiquement rigoureux. Ces récompenses visent à encourager les approches innovantes. Elles soutiendront aussi la recherche continue jusqu'à ce que la communication interspécifique soit pleinement réalisée.
Des approches non invasives
Les critères pour remporter ces prix incluent l'utilisation d'approches non invasives. Elles doivent être applicables à divers contextes. Les méthodes se baseront sur les signaux normaux de communication des animaux.
Elles doivent aussi permettre aux chercheurs de mesurer la réponse des animaux aux tentatives de communication. Cette approche éthique garantit que les animaux ne seront pas perturbés ou stressés par les expériences de recherche.
Un test de Turing pour les animaux
Le but ultime de ce défi est de développer un système où les animaux ne réalisent pas qu'ils communiquent avec des humains. Cela rappelle le célèbre test de Turing pour l'IA.
Le but est de créer un système informatique dont la conversation est indiscernable de celle d'une personne réelle. « Nous sommes ouverts à tout organisme et à toute modalité, depuis la communication acoustique chez les baleines jusqu'à la communication chimique chez les vers », a déclaré le professeur Yossi Yovel de l'Université de Tel Aviv.
Ramifications pour les droits des animaux
Ce prix pourrait avoir des implications profondes pour la compréhension de la sensibilité animale et le soutien aux droits des animaux.
Peter Gabriel, musicien et co-fondateur d'Interspecies Internet, a partagé son enthousiasme : « Lorsque je jouais de la musique avec des bonobos, j'étais stupéfait par leur intelligence et leur musicalité… Je suis ravi qu'il y ait maintenant des scientifiques sérieux engagés dans la compréhension de leur communication. »
Des applications pratiques
Le Dr Katherine Herborn, chercheuse en comportement animal à l'Université de Plymouth, voit des applications pratiques dans cette recherche. Elle souligne que comprendre les besoins des animaux de ferme pourrait améliorer leur gestion et leur bien-être. Cette connaissance pourrait révolutionner l'industrie agricole et également, améliorer la vie des animaux de ferme partout dans le monde.
Questions éthiques et scientifiques
Cependant, certains experts soulèvent des questions éthiques et scientifiques. Robert Seyfarth, professeur émérite de psychologie à l'Université de Pennsylvanie, a exprimé ses réserves : « Essayer de découvrir la signification du grognement d'un babouin sans connaître l'origine sociale, c'est comme sauter à la page 137 d'Orgueil et Préjugés et essayer d'expliquer pourquoi Elizabeth Bennet dit non à M. Darcy sans rien connaître de leur histoire. »
Cette remarque souligne la complexité de la communication animale ainsi que les défis auxquels les chercheurs font face.
Clara Mancini, professeur d'interaction animal-ordinateur à l'Open University, estime que réussir ce défi serait une des réalisations humaines les plus louables. Elle ajoute que la réussite de ce grand défi pourrait nous permettre de comprendre réellement l'expérience des animaux.
Toutefois, Mancini souligne une question essentielle : « La question est de savoir si nous serons prêts à véritablement écouter ce que les animaux ont à dire et enfin à leur accorder les droits fondamentaux qu'exige leur dignité intrinsèque. Je l'espère sincèrement. »
- Partager l'article :
