Interrogé sur les critiques des artistes face aux générateurs d’images IA, le PDG d’OpenAI a tranché net. Pour Sam Altman, les protestations d’illustrateurs comme Hayao Miyazaki ne doivent pas freiner le progrès technologique. Et tant pis si la machine singe leur style sans âme.
« Le compromis en vaut la peine », résume Sam Altman, lors d’un échange filmé avec Arun Mayya, créateur d’avatars IA à temps plein.
En 2016 déjà, Hayao Miyazaki exprimait une gêne profonde face à une animation générée par IA. Il y voyait un procédé mécanique, sans humanité ni émotion. À ses yeux, ces images sans intention artistique sont même une offense. Pour lui, l’IA détourne l’acte créatif de son essence. Ces propos, ressortis à la lumière du buzz actuel, semblent plus pertinents que jamais.
Depuis quelques semaines, un nouveau générateur d’images basé sur les serveurs d’OpenAI fait le tour du web. Il est devenu viral en imitant le style graphique du Studio Ghibli, notamment pour des scènes historiques ou dramatiques. Le résultat ? Des œuvres techniquement bluffantes, mais totalement déconnectées de toute vision artistique réelle. Des œuvres sans message, sans nuance, sans main humaine derrière le pinceau.
Altman défend l’accessibilité, pas la qualité
Pour répondre à Miyazaki, Sam Altman justifie la diffusion massive d’images IA par le progrès technique. « Imaginez ce que c’était de faire une vidéo il y a 30 ans », dit-il. Selon lui, la technologie aurait cassé les barrières de l’expression personnelle. Il omet pourtant un détail : en 1995, les clubs audiovisuels, les caméscopes familiaux et même Internet existaient déjà. Et les créateurs ne manquaient ni d’outils, ni d’audace.
« Abaisser les barrières à l’entrée augmente le nombre de voix », insiste Altman. Pourtant, pour beaucoup, cette prolifération automatique écrase justement les vraies voix singulières. La création assistée par IA est souvent perçue comme du remplissage, une imitation mal déguisée de ce qui existe déjà. Loin de révéler de nouveaux artistes, elle recycle, déforme et inonde les réseaux de pastiches sans intention claire.
L’art ne se résume pas à la facilité
Le PDG d’OpenAI évoque la créativité comme s’il s’agissait d’un simple problème logistique. Mais les artistes, eux, défendent l’intention, le travail, la sincérité derrière chaque œuvre. Et pour un Miyazaki, dont l’art repose sur l’observation patiente du vivant, l’IA actuelle ressemble surtout à un bruit de fond numérique. Un bruit qui, à défaut de créer du sens, sature l’espace et brouille les repères esthétiques.
Sam Altman persiste à croire que donner « plus d’outils » suffit à faire émerger de la valeur. Mais dans ce débat, le progrès technique ne doit pas écraser la vision artistique. Et balayer d’un revers de main un maître comme Miyazaki, ce n’est pas démocratiser l’art. C’est ignorer tout ce qui le rend humain.
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