En utilisant l’IA pour analyser une simple photo faciale, des chercheurs ont découvert une méthode pour prédire des traits de personnalité clés qui sont essentiels au succès professionnel et académique.
Ces traits, connus sous le nom de modèle OCEAN, révèlent des indices sur l’ouverture, la conscience, l’extraversion, l’agréabilité et le névrosisme d’une personne. L’étude explore les implications éthiques et stratégiques de cette avancée technologique.
Les chercheurs ont analysé 96 000 images de diplômés issus de programmes de MBA prestigieux. Grâce à des outils de vision par ordinateur et de traitement du langage naturel (NLP), ils ont corrélé les traits de personnalité avec des données sur les parcours scolaires et professionnels. Les résultats montrent que certains traits, comme la conscience ou l’extraversion, influencent directement les chances de succès.
Des implications pratiques pour le recrutement
L’étude souligne l’impact potentiel de l’IA sur le marché du travail. En combinant les traits de personnalité détectés via des photos avec des données traditionnelles (comme les diplômes ou l’expérience), les recruteurs pourraient affiner leurs choix. Cependant, cette pratique soulève des inquiétudes éthiques, notamment en matière de discrimination.
Kelly Shue, co-auteure de l’étude, met en garde contre une utilisation abusive de ces outils. Selon elle, les entreprises pourraient se servir de l’IA pour éliminer des candidats sur la base de critères subjectifs. Par exemple, une personne perçue comme névrosée pourrait être écartée, même si elle possède des compétences solides.
Les évaluations comportementales, comme les tests Pymetrics, mesurent déjà des dizaines de traits de personnalité pour orienter les décisions d’embauche. Néanmoins, ces méthodes s’appuient sur des questionnaires et non sur des images faciales. L’étude actuelle pousse cette logique encore plus loin en automatisant davantage le processus, ce qui pourrait augmenter sa controverse.
Le modèle Photo Big 5, un outil prédictif puissant
Le modèle développé, baptisé « Photo Big 5« , offre une forte capacité prédictive. Il permet de déterminer non seulement le rang scolaire et la rémunération, mais aussi les transitions de carrière et les choix d’industrie. Malgré ces avancées, les chercheurs reconnaissent que cette méthode présente des limites et des risques de manipulation.
Les auteurs de l’étude insistent sur la nécessité de considérer les implications morales de leur travail. L’utilisation de l’IA dans ce contexte pourrait exacerber les discriminations ou réduire les chances de certains candidats. En revanche, elle pourrait aussi démocratiser l’accès aux opportunités en rendant les processus plus objectifs.
L’apparence et la personnalité, des liens complexes
Selon l’étude, la personnalité et l’apparence d’un individu sont influencées par des facteurs génétiques et environnementaux. Par exemple, l’exposition aux hormones durant l’enfance peut façonner à la fois les traits physiques et psychologiques. Cette double influence rend les conclusions de l’étude particulièrement complexes.
Des études précédentes ont déjà démontré des liens entre les traits de personnalité et des images faciales. Par exemple, un article publié dans Nature en 2020 a montré que la reconnaissance faciale pouvait prédire des affiliations politiques avec une précision supérieure à celle d’un questionnaire. L’étude ouvre de nouvelles perspectives pour le recrutement et l’enseignement supérieur. Elle pourrait également inspirer des innovations dans d’autres domaines, comme la sélection d’équipes ou l’orientation professionnelle.
En combinant personnalité, compétences cognitives et traits génétiques, cette recherche met en lumière des éléments clés pour prédire le succès. Elle rappelle également que les résultats professionnels ne se limitent pas aux diplômes ou à l’expérience, mais dépendent d’un ensemble complexe de facteurs.
Alors que l’IA révolutionne nos sociétés et nos environnements professionnels en ouvrant de nouvelles perspectives de succès, cette étude constitue une avancée majeure dans la compréhension des liens entre personnalité et réussite. Elle souligne à la fois le potentiel et les limites de ces technologies. L’avenir dépendra de la manière dont ces outils seront intégrés dans des pratiques éthiques et équitables.
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