Le développement fulgurant des technologies de l’intelligence artificielle ouvre de nouveaux horizons, mais soulève aussi de sérieuses questions éthiques. C’est le cas du concours de beauté Miss AI, dans lequel s’affrontent des candidates entièrement virtuelles, générées par ordinateur.
Une hypersexualisation problématique
Les dix finalistes de Miss AI sont des créations numériques, majoritairement contrôlées par des hommes. Le concours se concentre uniquement sur l’apparence physique irréprochable de ses candidates virtuelles. Ces femmes « parfaites » présentent une peau lisse, des silhouettes filiformes et des « vies » artificiellement mises en scène.
Parrainé par une plateforme pour adultes, Miss AI suscite de vives inquiétudes, notamment aux Etats-Unis, quant à l’hypersexualisation des femmes, même virtuelles. La ligne de démarcation entre divertissement, objectification du corps féminin et exploitation devient dangereusement floue, s’inquiète-t-on du côté des féministes. Sommes-nous alors en train d’assister à la réduction des femmes à de simples objets de désir et à la propagation de standards de beauté irréalistes et néfastes ?
La primauté des enjeux économiques
Pour les organisateurs, les participantes de Miss AI représentent avant tout des propriétés commercialisables extrêmement lucratives. Ils ne s’en cachent d’ailleurs pas. Les considérations éthiques passent au second plan derrière les intérêts financiers.
La popularité de cet événement et de ceux qui suivront pourrait donc « normaliser » une représentation plus ou moins avilissante du corps féminin. Les canons de beauté artificiels véhiculés contribueraient alors à renforcer les pressions que les femmes réelles ressentent déjà.
Vers une régulation éthique des technologies ?
Face à ces dérives, une réflexion s’impose sur l’encadrement des usages de l’intelligence artificielle, notamment pour la création de représentations humaines hyper-réalistes. Des garde-fous légaux pourraient devenir nécessaires, par exemple pour interdire l’exploitation commerciale d’images dégradantes générées artificiellement. Il en va du respect de la dignité des femmes et de la construction d’une société égalitaire.
Il est essentiel que les acteurs du secteur technologique, les décideurs politiques et la société civile travaillent ensemble pour développer des lignes directrices et des régulations adaptées. En encourageant l’innovation responsable et en veillant à ce que les avancées technologiques soient guidées par des principes éthiques solides, nous pouvons préserver les valeurs fondamentales de notre société.
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