Dans le cadre de notre dossier « Expert I.A : La force des algorithmes pour résoudre les énigmes du futur. », AI Expert | Raphaël Richard (CEO de 24pm Academy et de Intelligent Agents) a accepté de faire un point sur l’année écoulée et sur les grands enjeux du secteur de l’IA.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Spécialiste du marketing digital et de l’intelligence artificielle: ChatGPT, Midjourney, Runway, Copilot, GPT4 API, Large Language Models, Automation, SEO, marketing à la performance, influence, marketing mobile, ereputation, réalité augmentée. Expert et conférencier pour les master classes du Journal du Net. PDG, Nomadar Réalité Augmentée / PDG, Neodia webmarketing. Ancien fondateur de la CVFM search marketing, de 24pm affiliation et de Cybion Intelligence.
Quelles sont les dernières avancées et innovations dans le domaine de l’IA qui ont retenu votre attention récemment ?
C’est sans contexte dans le domaine de la formation que l’intelligence artificielle aura le plus d’impact dans les années qui viennent. L’intelligence artificielle va permettre trois choses. D’une part, l’intelligence artificielle permet de personnaliser les parcours en fonction du niveau et des objectifs des apprenants. L’intelligence artificielle générative permet de générer des parcours de formation en un instant, mais aussi de générer l’intégralité du contenu des leçons. Enfin, l’intelligence permet d’évaluer automatiquement les acquis et d’accompagner les apprenants en répondant à leurs questions comme un coach humain le ferait.
Quels secteurs ont le plus bénéficié de l’intégration de l’IA ?
Le secteur de la publicité en ligne est de loin celui qui a investi le plus dans l’IA et en a le plus bénéficié. Meta et Google qui représentent à eux deux, plus de la moitié du marché mondial de la publicité en ligne et hors ligne ont confié la gestion de l’ensemble de leurs campagnes à des dizaines de modèles d’intelligence artificielle, qui analyse les profils des utilisateurs, définissent automatiquement le ciblage des campagnes, ajusté après quelques jours de tests les critères de diffusion en fonction des réactions des internautes et vont même jusqu’à rédiger eux-mêmes le contenu des annonces publicitaires. L’IA générative a permis d’aller plus loin, puisque les agences de publicité utilise ChatGPT et Midjourney pour analyser les appels d’offre des annonceurs, pour trouver des concepts à leur proposer, pour rédiger le script de la présentation Powerpoint mais aussi de la présentation orale et enfin, pour générer les visuels et bientôt les vidéos.
Comment voyez-vous l’avenir de l’IA et son impact sur la société ?
L’intelligence artificielle va être beaucoup plus progressif que ce que prédisent les vendeurs de conférences et de livres sur l’IA.La dernière vague de l’IA, l’IA générative va permettre de repousser les limites de l’IA classique (machine learning et deep learning), mais n’est pas prêt à remplacer des centaines de millions d’emplois de cadre. En revanche, elle peut aider tous les cadres à trouver des informations complexes, à rédiger des documents commerciaux, à réaliser des synthèses de réunions, à apprendre beaucoup plus rapidement, à analyser des statistiques et enfin, à automatiser des processus simples. Cela aura plusieurs conséquences: la productivité de certains secteurs va être dopée, ce qui créera des écarts de performances, notamment financières entre les entreprises qui maîtrisent l’IA et celles qui ne la maîtrisent pas. On retrouve le même creusement d’écart entre les pays dont les professionnels utilisent massivement l’IA et dont l’économie sera performante et ceux qui se méfieront de l’IA et dont la compétitivité reculera.
Quel est votre avis sur l’impact qu’a et aura l’IA sur l’emploi en France?
Prévoir l’impact de l’intelligence artificielle sur l’IA en France est très difficile à prévoir. Tous les cabinets, experts et technocrates qui s’y sont essayé, dans les 20 dernières années, se sont trompés parce qu’ils se sont contentés de prolonger les usages actuels et potentiels identifiés de l’IA au moment de la réalisation de leur étude. Or, les usages potentiels se confirment rarement et les usages actuels ne se diffusent que rarement. Il faut donc, faire preuve de prudence. J’envisage trois scénarios. Scénario extrêmement favorable: la France se positionne sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’IA (infrastructure matérielle, modèles de fondation, applications métiers, services d’intégration et formation). Dans ce cas, l’impact sera extrêmement positif car les entreprises françaises disposent de toutes les briques pour augmenter leur productivité et que 100% de la valeur ajoutée restera en France. Deuxième scénario, la France est présente sur un ou deux maillons de la chaîne de valeur de l’IA (par exemple, sur les modèles de fondations avec Mistral et sur une partie des infrastructures avec des data centers IA chez OVH, par exemple), mais achètent une grosse parties des services d’IA aux entreprises américaines. Dans ce cas, une fuite de valeur ajoutée énorme se produit et le pays reste dans la course, mais a des difficultés à créer des richesses (donc, des emplois). Troisième scénario: la France est obligé de tout acheter à des entreprises américaines, des emplois sont détruits et comme la valeur ajoutée s’évade vers les Etats-Unis et comme peu d’emplois sont créés par l’IA, le pays s’appauvrit, les salaires stagnent ou baissent et le chômage augmente.
Quels sont les principaux défis éthiques liés à l’IA et comment les abordez-vous dans votre travail ?
Les principaux défis éthiques liés aux biais de l’IA (une société vit très bien avec les multiples biais qu’entretiennent les humains), mais à cinq dangers très importants: l’émergence de la surveillance de masse, l’utilisation de l’IA dans le cadre de conflit, creusement des inégalités entre ceux qui maîtrisent l’IA et ceux qui ne la maîtrisent pas, impact sur les mécanismes de financement des systèmes sociaux européens reposant actuellement majoritairement sur les cotisations des actifs potentiellement remplaçables par l’IA (et non des algorithmes ou robots), incompatibilité entre le RGPD et le droit américain (qui dominent l’industrie de l’IA au niveau mondiale), pourtant essentiel quand on parle d’IA.
Quelles sont, selon vous, les opportunités et les défis futurs pour les experts en IA, notamment en ce qui concerne l’évolution de la technologie et de la réglementation ?
Les opportunités les plus importantes dans l’intelligence artificielle pour un entrepreneur français réside dans le développement d’applications métiers construites au-dessus des grands modèles (LLM, modèles de diffusion…).
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans une carrière dans l’IA ?
Disposer une formation de base très large et développer ses hard skills, afin de pouvoir s’ adapter aux multiples mutations que générera la société de l’IA, mais aussi afin de rester compétitifs face aux algorithmes.
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