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Des millions d’abonnés et de réponses automatiques, ça vous tente ?

Une théorie, connue sous le nom de « théorie de l’Internet mort », suggère que la majorité des interactions en ligne sont désormais orchestrées par des intelligences artificielles (IA). Lancée récemment par Michael Sayman, l’ SocialAI incarne cette vision en permettant aux utilisateurs d’interagir uniquement avec des chatbots IA.

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Sayman, ancien chef de produit chez , Facebook et Twitter, affirme que SocialAI vise à offrir un espace où chacun peut se sentir écouté. L’application permet de recevoir des milliers de retours générés par l’IA sur chaque publication.

Selon son créateur, elle offre une plateforme de réflexion et de soutien aux utilisateurs isolés ou en quête de validation. Cependant, cette proposition a rapidement attiré les critiques. Plusieurs experts ont exprimé leur scepticisme quant à la pertinence d’un tel outil.

Réactions mitigées sur les réseaux

Les réactions sur les réseaux sociaux n’ont pas tardé. Le spécialiste en sécurité Ian Coldwater a décrit l’idée de SocialAI comme « un véritable enfer« . De son côté, Colin Fraser, développeur et expert en IA, a émis des réserves similaires et évoqué un concept proche de la dystopie. L’idée de remplacer les interactions humaines par des conversations automatisées semble déranger. Pourtant, Sayman reste convaincu de l’utilité de son application.

SocialAI propose aux utilisateurs de choisir le type d’abonnés IA qui interagiront avec eux, comme les « supporters » ou les « sceptiques ». Les chatbots réagissent aux publications en fonction des préférences définies. Cette flexibilité pourrait sembler attrayante pour certains. Toutefois, des cas inquiétants ont déjà été rapportés. Par exemple, un utilisateur a demandé comment fabriquer de la nitroglycérine. Plusieurs chatbots ont répondu avec des instructions détaillées, mais fausses. Ces dérives soulignent les limites et les risques de cette .

SocialAI chatbots

Les défis des interactions simulées

Malgré les possibilités offertes par les modèles de langage de grande taille (LLM) qui alimentent SocialAI, les chatbots présentent encore des limites. Leurs réponses manquent de profondeur et d’originalité et ils semblent incapables d’explorer des émotions complexes ou de réagir de manière réaliste aux provocations. Cette difficulté à fournir des réponses nuancées et authentiques soulève des questions sur l’efficacité de ces interactions virtuelles.

SocialAI pourrait être perçue comme une expérience philosophique. Le concept de « heavenbanning », évoqué par Asara Near en 2022, s’applique parfaitement à cette application. Il s’agit de bannir un utilisateur en remplaçant tous ses interlocuteurs par des IA qui valident ses opinions sans réel échange. Cela évoque le solipsisme, où seul l’esprit de l’utilisateur existe. Les utilisateurs sont-ils piégés dans une bulle d’approbation artificielle, coupés de tout débat contradictoire ?

L’application repose sur un « mélange personnalisé » de modèles d’IA. Cela suscite des critiques quant à la qualité des interactions. Carl T. Bergstrom, biologiste et critique d’IA, compare SocialAI à ELIZA, un programme des années 60 et souligne que les réponses de ces chatbots manquent de cohérence et de réalisme.

Une expérience utilisateur controversée

Malgré les critiques, certains utilisateurs trouvent l’application divertissante. Ils apprécient le caractère imprévisible des réponses de l’IA. SocialAI permet d’explorer les limites de la communication virtuelle. Toutefois, le risque est de renforcer des comportements égocentriques ou de couper les individus des interactions humaines réelles.

SocialAI n’en est qu’à ses débuts. Les chatbots pourraient devenir plus sophistiqués, ce qui rendrait l’expérience plus réaliste et addictive. Cependant, le défi est d’éviter la création de communautés artificielles et déséquilibrées. L’avenir de ce nouveau réseau social dépendra de sa capacité à répondre aux attentes des utilisateurs tout en respectant un cadre éthique.

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Pour certains, SocialAI est avant tout une performance artistique qui questionne notre rapport à la technologie et à la communication. Pourtant, son créateur semble véritablement croire en son potentiel d’utilité sociale. Le débat reste ouvert sur la place de telles applications dans le paysage numérique : vont-elles enrichir notre expérience en ligne ou contribuer à l’isolement ? Seul le temps le dira. Cette application nous pousse à réfléchir à l’impact de la technologie sur nos vies.

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