La cuisine, cet art ancestral et intime, rencontre l’ère de l’intelligence artificielle. Teresa J Blair, bien que prolifique, ne signera jamais de dédicace, car elle n’existe pas. C’est une création d’IA qui produit des recettes à une vitesse qui ferait pâlir d’envie n’importe quel chef étoilé. Mais derrière ce phénomène se cache une réalité plus complexe et parfois dérangeante.
Dans le cadre sombre de son laboratoire de cuisine numérique, l’IA de Teresa et ses semblables génèrent des recettes qui oscillent entre l’ingénieux et l’absurde. Imaginez une glace au bratwurst ou un mojito préparé à la mijoteuse. Amusant ? Peut-être. Comestible ? C’est une autre question.
Le marché des livres de cuisine voit désormais des titres entièrement écrits par des intelligences artificielles proliférer. Cela révolutionne l’industrie avec une rapidité déconcertante.
L’affaire de Joanne Lee Molinaro, victime d’une imitation presque parfaite par l’IA, soulève des questions éthiques profondes. Son livre de cuisine végétalien coréen a été dupliqué avec des erreurs flagrantes. Elles ont montré que l’IA peut imiter mais pas encore comprendre. Ce n’est pas seulement une question de droit d’auteur, mais de respect de l’art culinaire.
Des expériences culinaires risquées
Paolo Rosson, dans son livre « The AI Cookbook », a tenté une approche plus contrôlée. Ce dernier a corrigé les pires erreurs de l’IA, comme une recette demandant deux kilos de beurre. Malgré cela, les résultats étaient loin d’être parfaits. Ils oscillent entre le bizarre et le banal. Rosson révèle à quel point l’IA, bien qu’éloquente, peine encore à saisir l’essence de la cuisine qui réchauffe l’âme.
L’échec spectaculaire de la fondue japonaise
Tester une recette d’IA peut s’avérer plus qu’un défi gastronomique. C’est parfois un acte de foi aveugle. Une fondue japonaise, transformée en désastre liquide et insipide, rappelle que l’IA, sans palais ni cœur, ne peut rivaliser avec l’intuition humaine. Les enfants de l’expérimentateur, loin d’être enchantés, ont exprimé leur déception non seulement avec leurs mots mais avec leur réticence à toucher au plat.
Tandis que l’IA pourrait un jour générer des livres de recettes en masse pour des coûts dérisoires, cela soulève une interrogation cruciale : sommes-nous prêts à sacrifier la touche personnelle pour l’efficacité ?
Ravneet Gill, une auteure culinaire, prévoit un avenir où les éditeurs pourraient préférer l’efficience de l’IA aux efforts laborieux des chefs réels.
L’intelligence artificielle en cuisine nous confronte à des choix difficiles. Alors que la technologie nous offre des possibilités inédites, elle nous rappelle aussi ce que signifie être humain : goûter, sentir et surtout, ressentir. Les recettes de l’IA, malgré leur potentiel, restent pour l’instant des imitations pâles de la richesse de la cuisine humaine.
La question reste ouverte : laisserons-nous les robots dicter nos choix culinaires, ou la cuisine restera-t-elle un sanctuaire de créativité humaine ? « Si je savais qu’une recette a été créée par l’IA – même si je savais qu’elle est destinée à recréer le gâteau de ma grand-mère, cela signifierait moins pour moi », a déclaré Rosson. « Parce qu’au fond, je sais qu’elle n’a pas été réalisée par une vraie personne. »
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