Le 10 octobre, Tesla a franchi une étape clé avec le lancement de son robotaxi. Elon Musk, PDG de l’entreprise, vise à positionner Tesla en leader de la mobilité autonome, malgré les obstacles technologiques et réglementaires encore à surmonter.
Contrairement à ses concurrents, Tesla a opté pour une approche minimaliste concernant l’autonomie de ses véhicules. La marque mise uniquement sur la « vision par ordinateur ». Cette technologie repose sur l’utilisation de caméras et sur un apprentissage automatique de bout en bout qui permet d’interpréter les données visuelles en temps réel pour prendre des décisions de conduite.
Bien que cette méthode semble économiquement avantageuse, elle comporte des risques majeurs. L’absence de capteurs supplémentaires rend le système plus vulnérable aux situations imprévues, appelées « cas extrêmes ».
Des entreprises comme Waymo, Zoox ou Cruise préfèrent ajouter des capteurs supplémentaires, tels que le lidar ou le radar, afin d’augmenter la fiabilité des véhicules et de mieux gérer les obstacles. Tesla, quant à elle, adopte une approche plus simple et moins coûteuse, en espérant que la collecte de données à grande échelle compensera l’absence de ces capteurs.
Les défis d’une technologie boîte noire
Tesla utilise une intelligence artificielle (IA) dite de « boîte noire ». Ce type de technologie est difficile à analyser, car il est opaque, même pour ses créateurs. Jensen Huang, PDG de Nvidia, emploie ce terme pour désigner un système dont les décisions sont complexes à comprendre. Cette opacité pose un véritable problème en cas d’accident. Si une erreur survient, l’équipe Tesla aura du mal à en comprendre la cause et à y remédier.
En 2016, Elon Musk affirmait que les conducteurs pourraient traverser les États-Unis sans intervention humaine d’ici deux ans. En 2019, il prévoyait que Tesla disposerait de robotaxis opérationnels dès 2020. Pourtant, en 2024, les véhicules entièrement autonomes de la marque sont toujours en développement. Bien que le prototype « Cybercab » représente une avancée, de nombreux obstacles réglementaires et technologiques freinent encore le déploiement massif de ces taxis sans conducteur.
Une pression accrue sur Tesla
Le lancement du robotaxi survient alors que Tesla traverse une période difficile. Les ventes diminuent et la concurrence, surtout en Chine, devient de plus en plus féroce. Elon Musk sait que les investisseurs attendent des résultats concrets rapidement. Les robotaxis pourraient offrir une nouvelle source de revenus et repositionner Tesla comme un leader. Cependant, les régulateurs exigent des garanties strictes en matière de sécurité.
Tesla a un avantage important sur ses concurrents : une grande quantité de données recueillies grâce à ses millions de véhicules. Contrairement à Waymo ou Cruise, qui ont des flottes plus petites, Tesla profite de son grand nombre de voitures sur les routes. Chaque trajet apporte des informations précieuses pour améliorer ses algorithmes de conduite autonome.
Sasha Ostojic, expert en véhicules autonomes, estime que Tesla mettra au moins trois ans pour atteindre le niveau actuel de Waymo. Malgré les prévisions d’Elon Musk, la réalité montre qu’il reste des étapes avant de proposer des robotaxis fonctionnels. L’enthousiasme autour des innovations de l’entreprise est indéniable, mais la réalisation de ces promesses ne se fera pas sans défis.
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