L’IA se glisse partout, même là où personne ne l’a invitée. Face à cette intrusion silencieuse, une poignée d’artistes, d’universitaires et de conteurs haussent le ton, décidés à défendre ce qui reste profondément humain : l’émotion, l’imagination et le lien.
Le romancier Ewan Morrison a été surpris de découvrir que ChatGPT lui attribuait un ouvrage intitulé Nine Inches Pleases a Lady, qu’il n’a jamais écrit. Cette erreur, issue d’une « hallucination » de l’IA, a conduit le créateur à s’interroger sur la fiabilité de ces technologies. Il souligne que ces systèmes, bien qu’impressionnants, peuvent générer des informations erronées. Cela remet en question leur utilisation dans des domaines nécessitant précision et vérité.
April Doty, narratrice de livres audio, exprime son inquiétude quant à l’utilisation croissante de l’IA dans son domaine. Elle estime que les voix synthétiques manquent de l’émotion et de la nuance que seuls les humains peuvent apporter. Doty craint que cette tendance ne dégrade l’expérience des auditeurs et ne menace l’emploi des professionnels de la narration.
Au-delà des préoccupations artistiques, l’IA fait émerger des préoccupations écologiques. La puissance de calcul nécessaire pour faire fonctionner ces systèmes consomme une quantité significative d’énergie. Doty souligne que chaque requête adressée à une IA contribue à l’empreinte carbone. Elle appelle donc à une prise de conscience collective sur l’impact environnemental de ces technologies.
Une critique académique de l’IA générative
Emily M. Bender, professeure de linguistique, critique l’utilisation des modèles de langage tels que ChatGPT. Elle affirme que ces systèmes produisent du texte sans véritable compréhension, se contentant de combiner des mots de manière statistique. De ce fait, Bender met en garde contre la perte de lien humain et la dilution de la pensée critique que pourrait entraîner une dépendance excessive à ces outils.
Steve Royle, professeur de biologie cellulaire, utilise l’IA pour des tâches spécifiques comme l’écriture de code, mais reste prudent quant à une utilisation plus large. Il craint que la dépendance à ces outils ne nuise au développement des compétences humaines. De son côté, Tom, employé dans l’informatique gouvernementale, ressent une pression à utiliser l’IA pour rester compétitif, malgré ses réserves éthiques.
La cinéaste Justine Bateman a lancé le festival du film Credo 23, dédié aux œuvres créées sans l’aide de l’IA. Cette créatrice considère que l’IA menace l’originalité et l’authenticité de l’art. Bateman encourage les artistes à préserver la créativité humaine mais aussi à résister à la tentation de déléguer la création à des machines.
Redéfinir la « créativité »
Face à l’essor de l’IA, de nombreux professionnels et créateurs plaident pour une redéfinition de la créativité et de l’authenticité. Ils appellent à réfléchir à la place de l’humain face à l’automatisation croissante. Préserver nos compétences, nos émotions et nos échanges reste essentiel, quel que soit le domaine.
La montée en puissance de l’IA suscite des réactions variées, qui vont de l’enthousiasme à la méfiance. Alors que certains y voient un outil prometteur, d’autres alertent sur les risques pour l’emploi, l’environnement et la qualité des interactions humaines. La question demeure : jusqu’où devons-nous intégrer l’IA dans nos vies sans compromettre ce qui fait notre humanité ?
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