Depuis quelques semaines, des titres alarmants annoncent la fin brutale de magasins populaires comme Decathlon, La Halle ou Darty.
Derrière ces annonces trompeuses, des réseaux bien rodés exploitent l’IA pour générer à la chaîne de fake news. Leur but n’est pas d’informer, mais d’attirer les clics et d’en tirer un maximum de revenus publicitaires.
« Decathlon fermera 25 magasins dès mai » titrait LaPlasturgie.fr le 18 avril dernier. Quelques jours plus tard, Franchementbien.fr prétendait que La Halle allait fermer ses dernières boutiques. Ces articles évoquent des restructurations imaginaires, des témoignages de clients fictifs et des citations totalement inventées de responsables d’enseignes. Le ton est toujours dramatique, le but toujours le même : générer un maximum de vues.
Des rédacteurs trop rapides pour être humains
Les articles sont signés par des profils qui paraissent authentiques. Biographie, photo, prénom crédible : tout est fait pour semer le doute. Pourtant, derrière ces pseudos bien choisis, se cache la cadence irréaliste de l’IA. Certains « journalistes » signent jusqu’à 42 articles par jour, selon une enquête de CheckNews. Une production que même une rédaction classique ne pourrait soutenir.
La structure de ces articles ne change jamais. Une introduction alarmiste, un paragraphe pseudo-économique, un témoignage émouvant, puis une conclusion floue. Ces textes sont noyés dans une mer de publicités tapageuses, disposées stratégiquement pour inciter aux clics. Les fermetures de magasins servent d’appât à un trafic massif monétisé par des bannières bien placées.
Ces sites inconnus bénéficient d’une visibilité impressionnante grâce aux algorithmes de Google. Le service Google Discover, qui alimente les actualités sur les smartphones Android, relaie ces contenus à un très large public. Les internautes les partagent ensuite massivement en pensant relayer de vraies informations. Le phénomène s’emballe et la désinformation devient virale en quelques heures.

Un business très lucratif basé sur la désinformation
Selon une simulation de Google, dix millions de visiteurs peuvent rapporter jusqu’à cent mille dollars par mois. Une somme rendue possible par la multiplication des pages vues et les revenus publicitaires générés. Plus les titres de ces fake news IA sont choquants, plus ils attirent. Des formules du type « méthode imparable d’un retraité pour toucher des aides » ou « jackpot gagné grâce à un algorithme » reviennent fréquemment.
Ces sites misent sur l’absence de vérification immédiate. Ils surfent sur la peur, la nostalgie ou la surprise pour piéger les internautes. L’usage de l’IA leur permet de produire à l’infini des contenus crédibles en apparence, mais fondamentalement mensongers. Le danger ne vient plus seulement des réseaux sociaux, mais désormais de l’algorithme de votre page d’accueil.
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