L’IA transforme rapidement nos vies, pourtant, les personnes aveugles et malvoyantes restent en marge de cette révolution technologique.
Tom Pey, nouveau président de la Royal Society for Blind Children, alerte sur un problème majeur : les outils d’IA visuelle aggravent l’exclusion numérique. Il qualifie cette situation de « nouveau niveau de discrimination » et souligne que les enfants aveugles sont éloignés des expériences technologiques qui rapprochent leurs pairs voyants.
Actuellement, les personnes malvoyantes utilisent moins Internet et possèdent rarement des smartphones. Ces défis, bien que réels, ne sont pas insurmontables. Certaines initiatives montrent des progrès, comme Be My Eyes, une application intégrant ChatGPT-4, ou Lookout de Google, qui décrit des photos et lit des textes.
Cependant, ces outils ne suffisent pas à combler le fossé croissant entre les jeunes voyants et malvoyants, notamment dans des domaines clés comme les jeux vidéo ou les réalités alternatives.
Des lacunes persistantes
Des entreprises comme Google, Meta et OpenAI s’efforcent d’améliorer l’accès à leurs technologies pour les malvoyants. Meta a récemment lancé une fonction connectée à ses lunettes Ray-Ban. Cette fonction permet aux utilisateurs d’obtenir une assistance visuelle en temps réel via un volontaire. De même, l’application Lookout de Google utilise l’IA pour décrire des images ou fournir des informations sur des objets du quotidien. Ces avancées montrent que des solutions existent.
Cependant, malgré ces efforts, l’écart d’expérience entre les malvoyants et les voyants persiste. Les jeunes aveugles, par exemple, ne peuvent pas profiter pleinement des jeux ou des réalités augmentées, contrairement à leurs pairs. Selon Pey, ce manque d’accessibilité accentue leur isolement. Il insiste sur l’importance d’inclure les besoins des personnes handicapées dès les premières étapes de conception des produits.
Un cadre législatif nécessaire pour l’inclusion
Tom Pey appelle également à une intervention gouvernementale. Il exhorte Peter Kyle, secrétaire d’État à la Technologie, à élaborer des lois garantissant des produits accessibles pour tous. Pey explique que de telles mesures aideraient les entreprises, grandes ou petites, à intégrer l’accessibilité dans leurs innovations technologiques.
Il insiste sur l’importance d’une approche proactive. Les entreprises doivent anticiper et répondre aux besoins des personnes handicapées. Cela pourrait ainsi éviter d’amplifier les inégalités. « Réfléchir en amont », affirme-t-il, peut transformer les outils d’IA en moyens d’inclusion plutôt qu’en obstacles supplémentaires.
L’exclusion des aveugles dans l’ère de l’IA pose des questions cruciales sur l’égalité d’accès aux nouvelles technologies. Bien que des progrès aient été réalisés grâce à certaines initiatives, ils restent insuffisants pour résoudre entièrement ce problème. L’appel de Tom Pey s’adresse à tous : designers, entreprises et décideurs. Prioriser l’inclusion ne représente pas seulement une obligation morale. C’est aussi une opportunité de faire de l’IA un vecteur de progrès pour tous, indépendamment des capacités physiques de chacun.
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