La triche à l’université n’est pas un phénomène nouveau, mais l’arrivée de ChatGPT a changé l’échelle. De nombreux étudiants britanniques s’en servent désormais pour produire des dissertations ou répondre à des examens à distance.
Pourtant, selon le Dr Craig Reeves, certaines universités font le choix assumé de ne pas regarder. « Ne pas voir, ne pas entendre, ne pas perdre de revenus », résume-t-il. Ce laisser-faire entretient une dérive inquiétante : des diplômes validés sans acquisition réelle de compétences.
En 2023, la société Turnitin a intégré un détecteur d’IA dans sa plateforme, utilisée par des milliers d’enseignants. Malgré des résultats jugés fiables par plusieurs études indépendantes, de nombreuses universités ont choisi de ne pas activer cette fonctionnalité. Des rumeurs sur un taux élevé de faux positifs ont circulé, mais elles n’ont pas été confirmées.
Selon plusieurs chercheurs, ces inquiétudes semblent infondées. Le choix de ne pas utiliser ces outils s’explique davantage par une logique économique que par la prudence académique.
Le poids des étudiants internationaux dans l’équation
Les universités accueillant un grand nombre d’étudiants internationaux paient le prix fort de leur réputation. Ces étudiants versent des frais de scolarité bien plus élevés que les locaux. Pour certains établissements, reconnaître la triche impliquerait d’ouvrir la boîte de Pandore.
En dénonçant les abus, ils risqueraient une chute d’inscriptions et une perte financière immédiate. Mieux vaut donc, pour certaines universités, ignorer la triche liée à ChatGPT, quitte à saboter la qualité réelle des diplômes délivrés.
Des conséquences graves sur la qualité des futurs professionnels
Le problème dépasse largement le cadre académique. Le Dr Reeves rappelle un fait troublant : « Nous voulons que nos ingénieurs, nos comptables ou nos infirmiers aient des compétences réelles. » Si des professions aussi critiques sont occupées par des diplômés qui ont triché pour obtenir leur qualification, les conséquences peuvent devenir dramatiques.
Le danger n’est plus théorique, il est tangible. C’est difficile d’imaginer un chirurgien formé dans une université tolérant la triche avec ChatGPT durant ses études.
Un retour des évaluations en présentiel ?
Face à la multiplication des fraudes, certains établissements décident de changer de méthode. Les examens écrits en présentiel, longtemps jugés obsolètes, retrouvent leur pertinence. Ils permettent de vérifier les connaissances sans artifice. Mais ce retour à l’évaluation rigoureuse implique des coûts logistiques importants.
Peu d’universités sont prêtes à les assumer. Pourtant, celles qui choisissent l’inaction pourraient bientôt devoir rendre des comptes. Comme le souligne Reeves, une commission d’enquête publique finira probablement par se pencher sur ce scandale silencieux.
L’utilisation de ChatGPT ne représente pas en soi une trahison. C’est l’absence de règles claires, de surveillance et surtout de courage institutionnel qui transforme son usage en mécanisme de triche. Les universités doivent désormais choisir : préserver leur intégrité ou céder au confort économique immédiat.
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