Sommes-nous seuls dans l’univers ? Cette question fascine les scientifiques depuis des décennies. Grâce aux avancées technologiques, la recherche d’intelligence extraterrestre (SETI) bénéficie aujourd’hui d’un soutien inédit : l’intelligence artificielle. Le projet Are We Alone?, dirigé par l’astronome Jean-Luc Margot, s’appuie sur l’IA pour analyser les signaux cosmiques et traquer d’éventuelles traces de vie intelligente.
Un télescope à l’écoute du cosmos
Le programme utilise le télescope Green Bank, un appareil de 100 mètres de long situé en Virginie-Occidentale. Ce gigantesque instrument scrute l’espace à la recherche de signaux radio provenant d’étoiles et de planètes connues. Chaque observation génère des millions de données qu’il faut trier avec précision. D’ailleurs, la différenciation entre signaux extraterrestres potentiels et interférences terrestres reste l’un des défis majeurs.
L’enjeu est de taille : en seulement deux heures d’écoute, le télescope capte environ 11 millions d’occurrences de signaux parasites. Avant l’utilisation de l’IA, un protocole manuel permettait d’éliminer 99,6 % de ces interférences, mais il restait encore 45 000 signaux à examiner minutieusement. Or, analyser manuellement ces données prenait au moins 12 heures, un temps bien trop long pour une étude efficace.
L’intelligence artificielle, une alliée précieuse
Pour surmonter ces difficultés, Megan Li, une doctorante impliquée dans le projet, a recours à l’intelligence artificielle. Un réseau neuronal convolutionnel a été mis au point afin d’automatiser la classification des signaux. Cette technologie repose sur un principe d’apprentissage itératif, similaire à celui utilisé dans les voitures autonomes. Ainsi, l’IA apprend à distinguer les interférences radioélectriques des signaux susceptibles de provenir d’une civilisation extraterrestre.
Le projet fait aussi appel à la plateforme de science citoyenne Zooniverse. Des volontaires aident à identifier et étiqueter différents types d’interférences, ce qui permet d’améliorer la précision du modèle d’IA. De plus, ces contributions humaines assurent une meilleure fiabilité dans la détection des signaux inhabituels.
Les limites et défis de l’IA
L’intelligence artificielle ouvre des perspectives fascinantes pour la recherche SETI, mais elle n’est pas sans risques. L’un des dangers importants dans l’optimisation excessive de l’IA. En privilégiant l’efficacité, un modèle mal calibré pourrait rejeter automatiquement tout signal détecté. Ceci en passant ainsi à côté d’une découverte majeure.
À l’inverse, une IA trop sensible risquerait d’identifier à tort des signaux ordinaires comme étant extraterrestres. C’est pourquoi les chercheurs adoptent une approche prudente : l’intelligence artificielle assiste les scientifiques dans l’analyse, mais ne prend jamais seule la décision finale sur l’origine d’un signal.
Une avancée accessible à tous
Travailler avec l’IA peut sembler complexe, mais Megan Li rappelle que l’apprentissage est à la portée de tous. Lorsqu’elle a débuté son projet en 2023, elle ne possédait que des bases en programmation. Grâce aux ressources disponibles en ligne, elle a su se former rapidement et apporter sa contribution à cette recherche révolutionnaire.
L’essor de l’intelligence artificielle pourrait aussi avoir des implications inédites : si des civilisations avancées utilisent elles aussi l’IA, alors une intelligence artificielle pourrait un jour en détecter une autre. Ainsi, l’avenir de la quête extraterrestre repose peut-être sur ces nouvelles technologies, capables d’explorer l’univers plus vite et plus efficacement que jamais.
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