Après avoir été recherchée pendant trois décennies par les autorités, Daniela Klette, condamnée pour un crime violent commis dans les années 1990 a finalement été localisée et arrêtée en Allemagne. Cependant, les circonstances exactes de sa découverte soulèvent des interrogations.
Selon des journalistes ayant participé à l’enquête, c’est grâce à un logiciel de reconnaissance faciale alimenté par l’intelligence artificielle qu’ils auraient pu identifier la suspecte en moins d’une demi-heure. En analysant une vidéo fournie par la police, le système aurait fait correspondre le visage de la femme avec celui de l’ancienne fugitive.
Un véritable coup de maître
Traquée depuis des dizaines d’années, l’insaisissable Daniela Klette, figure marquante du groupe extrémiste Fraction Armée Rouge, menait une existence des plus banales à Berlin. Alors que les forces de l’ordre la croyaient en fuite à l’étranger, voire décédée, cette femme âgée de 65 ans résidait depuis près de vingt ans dans un modeste studio du quartier résidentiel de Kreuzberg, à l’abri des regards.
Sous le couvert d’une fausse identité et le faux nom de Claudia Ivone, Klette vivait au grand jour, intégrée dans son voisinage avec ses activités associatives et son amour pour les canidés. Les multiples avis de recherche n’avaient pas réussi à percer le mystère de sa nouvelle vie.
Ce n’est que le 26 février dernier que cette longue cavale a pris fin avec l’interpellation musclée de Klette à son domicile par les forces de l’ordre de Basse-Saxe. Une arrestation qualifiée de coup de maître par la ministre de l’Intérieur régionale, bien que des zones d’ombre persistent.
L’enquête a en effet révélé que l’ex-militante d’extrême gauche entretenait des contacts réguliers avec un autre membre en fuite de la Fraction, également terré au cœur de la capitale. Un fait d’autant plus embarrassant que des journalistes ont réussi à retracer les pas de Daniela Klette en à peine 30 minutes à l’automne 2023, jetant un jour cru sur les failles de la traque menée ces 30 dernières années.
Comment une IA à 30 dollars par mois a mis fin à 30 ans de cavale de Daniela Klette !
La traque de Daniela Klette a été couronnée de succès grâce à un atout insoupçonné : l’intelligence artificielle. Ce simple logiciel en ligne, PimEyes, accessible moyennant une trentaine de dollars par mois, a permis de lever le voile sur les 30 années de cavale de la militante d’extrême gauche.
Le principe est très simple : on télécharge une photo du visage recherché, et en quelques secondes, le système balaie le web à la recherche de clichés correspondants. Réseaux sociaux, sites internet, images de presse, rien n’échappe à ce puissant moteur de reconnaissance faciale. Une prouesse technologique déjà utilisée pour identifier des émeutiers de l’assaut du Capitole en janvier 2021.
Malgré son efficacité redoutable, cette IA soulève des inquiétudes quant aux risques de dérives et d’atteintes à la vie privée. En Allemagne, les services de police affirment ne pas avoir le droit d’utiliser de tels outils. La législation sur la protection des données les mepêche de recourir à l’IA.
En France, le flou juridique règne. Selon des sources, rien n’interdit formellement le recours à ce type d’IA. Cela à condition qu’il s’inscrive dans le cadre d’une procédure judiciaire dûment autorisée. « On peut utiliser ces outils du moment qu’un magistrat donne son feu vert », confirme le général Patrick Perrot, coordinateur IA à la gendarmerie.
Faute de maîtrise, les forces de l’ordre préfèrent généralement développer leurs propres solutions en interne. Mais face à l’essor foudroyant des nouvelles technologies, elles pourraient être amenées à franchir plus souvent le cap de l’IA en ligne, au risque de soulever de vifs débats éthiques.
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