Le secteur de l’informatique et de la robotique est dominé par les hommes. Ceci expliquerait-il la féminisation de l’IA dans toutes ces formes ?
Les quatre robots qui se sont distingués lors du sommet de l’AI for Good à Genève étaient tous féminisés. Certains observateurs soulignent même le fait que l’un d’entre eux avait des seins. Était-ce nécessaire ? Pourquoi ce besoin presque automatique de créer des robots femelles ?
Des robots IA féminisés se font remarquer à Genève
Le sommet mondial AI for Good organisé par les Nations Unies s’est tenu à Genève. Ce sommet rassemble des dizaines de robots humanoïdes. Pour les chercheurs, l’enjeu est de taille. Les progrès dans le domaine de l’IA suscitent la méfiance. Les observateurs craignent le dépassement de l’intelligence humaine par les machines.
Le sommet représentait une occasion pour démontrer que les robots peuvent contribuer à des causes positives. Dans ce contexte, les robots qui se sont distingués sont Ai-Da, une artiste contemporaine, Grâce, une infirmière auxiliaire, Desdemona, une chanteuse et Nadine, un agent conversationnel conçu pour faire la conversation et tenir compagnie à son utilisateur.
Pour les optimistes, ces robots pourraient contribuer à l’amélioration de la vie de l’homme. De leur côté, les plus sceptiques soulignent la féminisation des robots. Était-ce nécessaire ? Un robot a-t-il besoin d’avoir des courbes féminines ?
Déséquilibre homme/femme dans les métiers de l’informatique ?
Ce n’est pas un secret, les hommes sont majoritaires dans le monde de l’informatique. En effet, une étude menée par Accenture aux États-Unis confirme ce phénomène. Les hommes dominent les métiers de la tech. Pire, la proportion de femmes est en baisse par rapport à il y a trente ans. 32 % des salariées dans le secteur de la technologie sont des femmes contre 35 % en 1984. Par ailleurs, en France, un sondage mené par Opinéa pour Livestorm révèle que 84 % des personnes interrogées associent le métier de l’informatique à un homme.
Néanmoins, ce déséquilibre explique-t-il à lui seul cette féminisation des robots et de l’IA ? Les robots ne sont pas les seuls. Les assistants virtuels d’IA prennent aussi une voix féminine à l’instar d’Alexa et Siri. Peut-être que les utilisateurs sont plus à l’aise avec une voix féminisée pour les guider ?
Prenons Desdemona et Ai-Da, toutes les deux sont respectivement musicienne et artiste. Développés par des hommes, ces deux robots ont reçu des distinctions prestigieuses à Genève. Dans la réalité, les artistes et musiciennes sont encore victimes de misogynie. Elles ne reçoivent pas le même traitement que les hommes dans un même domaine. Le critère de l’âge en est l’exemple évident.
Ce n’est pas une surprise si les robots et appareils fonctionnant sous l’IA sont le reflet de la société. Néanmoins, la sexualisation de la forme féminine représente déjà un combat de longue date dans le monde réel. Les progrès de la robotique devraient participer à ce combat au lieu de l’exacerber.
Les experts dans l’informatique sont des hommes du progrès. L’innovation est le mot d’ordre dans leur secteur. Alors pourquoi l’IA devrait-elle refléter les maux de la société au lieu de les résoudre ? S’ils en sont conscients, les développeurs ont l’opportunité de contribuer à la résolution de ce problème. Pourtant, le sommet de l’IA à Genève montre que la misogynie n’est pas encore traitée dans ce domaine.
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