Alors que Google, Microsoft ou OpenAI multiplient les démonstrations, Apple semble figée dans une autre temporalité. L’entreprise à la pomme a admis, le 7 mars dernier, un report significatif de ses projets liés à l’IA.
Pour la première fois, Apple reconnaît publiquement que ses ambitions devront attendre. Selon un communiqué, les innovations autour de Siri seront finalement « déployées au cours de l’année à venir ».
Cette confession marque un moment rare chez Apple, habituée à un silence maîtrisé et à des lancements millimétrés. Il est aujourd’hui clair que l’assistant Siri, censé se transformer grâce à « Apple Intelligence », ne verra pas le jour avant 2025 ou même 2026.
Pourtant, le 10 juin 2024, Tim Cook affirmait : « Nous pensons qu’Apple Intelligence va devenir indispensable aux produits qui ont déjà un rôle essentiel dans nos vies. »
Une course folle, un piège maison
Apple semble être tombée dans sa propre mécanique : celle d’annoncer sans livrer, de projeter sans concrétiser. Depuis plus d’un an, la firme multiplie les communications autour de l’IA sans livrer de produit fonctionnel visible. Ce retard contraste violemment avec la cadence soutenue de ses concurrents.
L’entreprise a voulu contrôler son image en montrant qu’elle était présente dans la course à l’IA. Mais en suivant cette logique de communication ambitieuse, elle a suscité des attentes qu’elle ne peut pas satisfaire dans l’immédiat. Résultat : Apple se retrouve à reculer sous les projecteurs qu’elle a elle-même braqués sur elle.
Les difficultés techniques ne sont pas les seules sources de pression. Une plainte externe serait actuellement en cours concernant les usages de l’IA dans les produits Apple. Cette pression juridique pourrait peser sur les choix technologiques et ralentir encore les tests et validations.
Parallèlement, des rumeurs de tensions internes circulent. Certains parlent de réorganisations au sein des équipes IA, voire de changements de direction. Si ces mouvements se confirment, ils viendraient s’ajouter à un climat déjà tendu, où la pression d’innover pèse sur toutes les strates de l’entreprise.
Siri en attente, les utilisateurs aussi
L’assistant vocal Siri devait profiter en priorité de cette nouvelle couche d’intelligence. Les fonctionnalités promises visaient à transformer son usage quotidien, en intégrant davantage de contexte, de proactivité et une meilleure gestion des applications. Ce renouveau est désormais reporté à une date très floue.
Les utilisateurs devront continuer à s’appuyer sur un assistant vieillissant, pendant que d’autres plateformes évoluent rapidement. Pendant que ChatGPT s’invite sur Android, Siri reste figé, coincé dans des promesses non tenues. Cela crée un retard de plus en plus perceptible pour les clients d’Apple les plus connectés.
Un pas de côté ou un signal faible ?
Apple n’est pas absente du domaine, mais elle adopte une posture prudente, presque défensive. L’entreprise refuse la précipitation et elle préfère miser sur l’intégration complète dans son écosystème. Mais à force d’attendre, elle donne l’impression de reculer. Et dans l’IA, l’inertie coûte cher.
Chaque mois sans nouveauté creuse l’écart avec ses rivaux. Apple est-elle encore en train d’observer, ou commence-t-elle simplement à prendre du retard ? Le paradoxe est là : vouloir maîtriser son image sans nourrir sa technologie, c’est risquer de perdre les deux.
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