Longtemps perçue comme l’outil de triche des étudiants pressés, l’IA générative provoque aujourd’hui une autre tension. De plus en plus d’étudiants se plaignent du recours à ChatGPT par leurs profs.
Aux États-Unis, les commentaires sur des plateformes comme « Rate My Professors » évoquent des cours formatés, parfois copiés-collés depuis des réponses générées. Le New York Times rapporte que des étudiants reconnaissent immédiatement le ton et le style de ChatGPT dans leurs contenus pédagogiques.
Un sondage cité par le New York Times montre une nette progression dans l’usage de l’IA par les profs. L’an dernier, 18 % des enseignants se déclaraient utilisateurs réguliers de ChatGPT. Cette année, ils sont deux fois plus nombreux à l’adopter dans leur pratique. Les raisons évoquées ? Un gain de temps, une aide à la structuration des cours, ou un appui dans la correction des copies. Mais cette automatisation dérange de plus en plus les étudiants. Et surtout dans les universités privées, où les frais d’inscription atteignent des sommets.
Quand le prompt reste visible… et fait scandale
Le New York Times partage des témoignages éloquents. Une étudiante explique que son professeur a accidentellement laissé visible le prompt envoyé à ChatGPT avant de partager son support de cours. Elle a signalé l’incident à l’université et a réclamé le remboursement de ses frais, soit 8 000 dollars. Avec des tarifs aussi élevés pour des cours sur-mesure, l’impression de recevoir un contenu automatisé passe très mal.
Un autre cas évoqué concerne l’évaluation des devoirs. Une étudiante a découvert, en consultant les commentaires laissés sur sa copie, un échange direct entre la professeure et ChatGPT. « J’ai eu l’impression qu’elle n’avait même pas lu ma dissertation », déplore-t-elle. Convoquée, l’enseignante a reconnu avoir utilisé l’outil pour formuler ses remarques. L’établissement l’autorise à le faire tant que le professeur reste maître de l’évaluation. Cela soulève toutefois une question sensible : à quel moment l’automatisation commence-t-elle à remplacer l’attention humaine ?
Un débat sur la valeur réelle du retour pédagogique
Pour certains enseignants, le recours à l’IA n’efface pas leur rôle, mais le complète. Paul Shovlin, professeur d’anglais à l’Université de l’Ohio, insiste sur l’importance de l’échange. « La vraie valeur que nous apportons aux étudiants, c’est notre retour d’information », explique-t-il dans le New York Times. Pourtant, l’outil reste clivant. Il rassure certains profs débordés, mais alimente la frustration chez les étudiants qui attendent un suivi sur mesure et un regard humain.

Alors que l’université s’adapte à l’ère numérique, le débat sur l’usage de l’IA ne cesse d’évoluer. Si son efficacité n’est plus à prouver, son impact sur la relation pédagogique reste incertain. Pour les étudiants, payer pour être corrigé par ChatGPT ne passe pas. Pour les profs, jongler entre gain de temps et qualité d’enseignement devient un exercice délicat. Une chose est sûre : la salle de classe ne sera plus jamais tout à fait la même.
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