Il suffit parfois d’une mauvaise requête pour transformer un chef-d’œuvre ancien en scène fantaisiste.
C’est ce qu’a démontré la tentative ratée de restauration d’une très vieille photo, confiée à ChatGPT par un utilisateur de Reddit. À la clé : une leçon claire sur les limites de l’IA non guidée… mais aussi sur son potentiel, dès lors qu’elle est bien pilotée.
La photo originale, capturée en 1826 par Joseph Nicéphore Niépce, représente une vue depuis une fenêtre. Méconnue du grand public, cette image est pourtant une pièce fondatrice de l’histoire photographique. Lorsqu’un utilisateur de Reddit a demandé à ChatGPT de la restaurer et de la coloriser, l’intention était noble, mais le résultat s’est révélé déroutant.
L’image reconstruite comportait une église inexistante, des couleurs douteuses et une ambiance anachronique. ChatGPT, livré à lui-même, a généré une version trop éloignée du réel. « Ce rendu est totalement inexact », a tranché un professeur de photographie. La situation rappelle l’importance du contexte historique dans toute tentative de restauration d’une photo.
La restauration ne dépend pas seulement de l’outil
Ce raté a ouvert un débat sur Reddit, où d’autres utilisateurs ont comparé leurs propres essais. Certains ont démontré qu’avec une meilleure formulation de l’invite, ChatGPT pouvait offrir des résultats bien plus pertinents.
L’utilisateur Chestburster12, par exemple, a combiné ChatGPT avec un modèle de raisonnement et une recherche Web intégrée. Son approche, bien plus rigoureuse, a permis une reconstitution fidèle et nuancée de la photo. Il explique : « J’ai demandé à ChatGPT de compléter les éléments manquants via le Web, pour enrichir la base visuelle. » Le contraste avec la première tentative illustre combien l’expertise humaine reste essentielle dans le pilotage des IA créatives.
Comment obtenir une restauration crédible avec ChatGPT
La méthode décrite par Chestburster12 commence par une sélection judicieuse du modèle de ChatGPT : les versions o3 ou o4-mini sont recommandées. Ensuite, il s’agit de formuler une invite détaillée, qui précise les intentions tout en incitant ChatGPT à consulter des données historiques.
Par exemple : « Ceci est la première image au monde. Je souhaite que vous la colorisiez et la restauriez. Utilisez Internet pour valider ou compléter les détails manquants. » Ce type de requête affine la réponse et évite les interprétations erronées. Cette technique permet d’obtenir une restauration fidèle, tout en montrant que la photo elle-même devient le point d’ancrage d’une collaboration entre l’humain et l’IA.

Cette affaire illustre un fait simple : ChatGPT ne peut pas restaurer une photo avec précision sans directives précises. Une invite mal formulée laisse place aux approximations visuelles, souvent basées sur des hypothèses non vérifiées. Pourtant, avec une méthode rigoureuse, la restauration d’une photo ancienne peut devenir un terrain d’expérimentation passionnant. Cette complémentarité entre intuition humaine et puissance algorithmique constitue la vraie richesse de l’outil. L’IA ne remplace pas l’expertise, mais peut l’amplifier si elle est bien encadrée.
Restauration, IA et responsabilité humaine
De plus en plus d’utilisateurs explorent les capacités de ChatGPT dans la restauration de photo ancienne. Cependant, le cas de la photo de Niépce montre que ces pratiques nécessitent rigueur, esprit critique et connaissance historique.
Restaurer une photo ne revient pas à simplement embellir une image : il s’agit de respecter une vérité visuelle et temporelle. La technologie ne peut, à elle seule, reconstituer un passé fidèle. En revanche, elle devient redoutablement efficace dès lors que l’humain garde la main sur la direction artistique et documentaire.
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