La voix de Dark Vador résonne dans Fortnite, plus menaçante que jamais… mais ce n’est pas lui. Derrière le masque, une IA improvise.
Depuis quelques jours, les joueurs de Fortnite peuvent recruter Dark Vador dans leur équipe virtuelle. Ce personnage ne se contente pas d’apparaître : il discute, interagit et répond aux joueurs. Sa voix ? Celle de James Earl Jones, interprète légendaire du personnage… décédé en septembre dernier. Grâce à l’IA, sa voix a été recréée avec un réalisme bluffant. Et ce Dark Vador ne lit pas un script figé. Il utilise Gemini, l’IA conversationnelle de Google, pour répondre en temps réel.
Sur Twitch ou TikTok, les exemples de détournement se multiplient déjà. La streameuse australienne Loserfruit a réussi à faire jurer Dark Vador en direct. D’autres joueurs ont pu lui faire répéter des mots absurdes ou grivois, comme “seins” ou “Skibidi Toilet”. Si l’expérience amuse, Epic Games n’a pas tardé à réagir. L’éditeur a promis un correctif immédiat pour éviter que le personnage s’éloigne du ton de Star Wars. Pour Disney, propriétaire de la licence, l’incident reste sensible.
Le syndicat des acteurs s’en mêle officiellement
Mais au-delà du jeu, l’affaire prend un virage social et politique. Le syndicat SAG-Aftra, représentant les comédiens américains, a annoncé une procédure contre Epic Games. Il a saisi l’inspection du travail américaine (NLRB) en dénonçant un recours abusif à l’IA. L’organisation déplore que l’éditeur ait “remplacé le travail de comédiens humains” sans négociation préalable. Ce bras de fer s’inscrit dans un climat tendu. Depuis juillet 2024, les comédiens de jeu vidéo sont eux-mêmes en grève.
Le SAG-Aftra précise qu’il ne rejette pas l’IA en tant que technologie. Il réclame cependant le droit de ses membres à contrôler l’usage de leur voix. Selon le syndicat, certaines voix emblématiques, dont celle de Dark Vador, ont été utilisées sans concertation équitable. La filiale Llama Productions, en charge du développement, est directement visée dans cette plainte officielle. Ce n’est pas la première fois qu’Epic Games se retrouve dans une controverse liée aux usages IA.
Un accord légal… mais une polémique culturelle persistante
Avant sa mort, James Earl Jones avait donné son feu vert à la reproduction de sa voix. Il avait signé un contrat avec Respeecher, une entreprise ukrainienne spécialisée dans la voix synthétique. Epic Games assure avoir obtenu l’autorisation des ayants droit pour ce projet. Un communiqué cite même l’acteur lui-même : “La voix de Dark Vador est essentielle à l’histoire de Star Wars.” Mais pour beaucoup, cela ne suffit pas. Le débat autour de l’éthique reste entier. Et la frontière entre hommage et exploitation se fait toujours plus floue.
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