La Chine ne fait pas de bruit, mais elle avance vite. DeepSeek, startup méconnue il y a peu, bouleverse les règles du jeu de l’IA mondiale sans prévenir. Son dernier modèle, publié discrètement, menace directement la domination d’OpenAI et de Meta.
Sans annonce officielle, DeepSeek a posté une nouvelle version de son modèle R1 sur Hugging Face. Comme pour sa première sortie, la société mise sur la discrétion plutôt que sur la communication tapageuse. Pourtant, ses performances parlent d’elles-mêmes. Le nouveau modèle se classe juste derrière les puissants o3 et o4-mini d’OpenAI sur LiveCodeBench.
DeepSeek ne se contente pas de produire un modèle rapide. Il développe un modèle de raisonnement, capable d’enchaîner les étapes logiques pour résoudre des tâches complexes. Adina Yakefu, chercheuse en IA chez Hugging Face, confirme l’impact : « Le modèle est plus précis, meilleur en mathématiques et en code. » Elle ajoute que DeepSeek ne rattrape pas seulement ses concurrents, « il entre en concurrence directe ».
La première version de DeepSeek R1 avait fait trembler les marchés. Sa performance, associée à un faible coût de développement, avait fait perdre des milliards de dollars aux valeurs tech américaines. Par exemple, Nvidia avait subi de lourdes baisses avant de se redresser. Ce nouveau modèle pourrait bien provoquer une réaction similaire.
Réduction des hallucinations
L’une des faiblesses des IA génératives reste l’hallucination, ce phénomène où le modèle invente des faits. DeepSeek a nettement amélioré ce point. Yakefu note des « améliorations importantes » sur la fiabilité des réponses. Cela permet au modèle de gagner en crédibilité, surtout dans les domaines sensibles comme le code ou les données scientifiques.
La montée de DeepSeek s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu. Les États-Unis tentent de freiner les ambitions chinoises en limitant l’accès aux puces de pointe. Pourtant, DeepSeek montre que ces efforts n’empêchent pas la Chine de progresser. Jensen Huang, PDG de Nvidia, ne mâche pas ses mots : « La Chine a déjà l’IA. »
Baidu, Tencent : la riposte s’organise
DeepSeek n’est pas un cas isolé. D’autres géants chinois comme Baidu ou Tencent améliorent aussi leurs modèles pour contourner les restrictions. Ils développent de nouveaux algorithmes, optimisent leur infrastructure et redoublent d’ingéniosité pour rester compétitifs malgré l’embargo américain.
DeepSeek montre que l’IA n’est plus l’apanage de la Silicon Valley. En quelques mois, une startup chinoise a démontré qu’elle pouvait inquiéter les géants. En silence, mais avec une efficacité redoutable, elle s’impose comme une nouvelle force à surveiller.
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