À Montpellier, un groupe d’étudiants en droit constitutionnel a relevé un défi pédagogique inattendu. Leur mission : rédiger une charte des droits de la nature face à une IA.
Le professeur Dominique Rousseau a proposé cette expérience dans le cadre du Master 2 dirigé par Jordan Arlettaz. L’idée ? Comparer deux formes d’intelligence sur un même exercice juridique. Une confrontation inédite entre réflexion humaine et génération automatique.
L’IA utilisée pour l’expérience n’est autre que ChatGPT. En cinq secondes seulement, elle a rédigé un texte structuré et cohérent. Les étudiants ont salué « un préambule éloquent » et une capacité de synthèse redoutable. Toutefois, le texte s’apparentait à « un catalogue impersonnel », sans profondeur conceptuelle. La vitesse impressionne, mais ne suffit pas à donner du sens. La charte produite par l’IA reste privée d’âme, selon le professeur Rousseau.
Des étudiants qui tiennent tête au robot
Face à cette efficacité, les étudiants n’ont pas démérité. Leur texte a demandé des heures de travail collectif. Ils y ont intégré nuances, références et structure argumentative solide. Dominique Rousseau a souligné que leur charte possédait « une âme et une sensibilité », absentes chez l’IA. Cette confrontation a permis de mettre en lumière l’importance du travail d’interprétation propre à l’humain.
Les étudiants ne rejettent pas l’outil. Bien au contraire, ils reconnaissent ses atouts techniques. ChatGPT les a parfois surpris par sa précision, sa clarté et sa logique rédactionnelle. « Parfois plus précis que nous », admettent-ils avec honnêteté. Ils voient dans l’IA un bon assistant pour synthétiser, structurer ou amorcer une réflexion. Mais en aucun cas un substitut à leur propre raisonnement.
Une IA sollicitée, mais pas suivie
Fait notable, les étudiants ont même demandé à ChatGPT d’analyser leur propre production. Ils n’ont pas suivi ses remarques, mais se sont prêtés au jeu jusqu’au bout. Ce dialogue avec la machine montre que ces futurs juristes intègrent l’outil dans leur méthode, sans se laisser dicter leur pensée. Une posture équilibrée entre curiosité et esprit critique, y compris sur un sujet sensible comme les droits de la nature.
Il y a deux ans, l’IA n’existait pas dans le quotidien universitaire des étudiants interrogés. Aujourd’hui, presque tous y recourent régulièrement. Un seul d’entre eux a affirmé n’avoir jamais utilisé ChatGPT. Une adoption massive qui illustre la place grandissante de l’IA dans l’apprentissage. L’outil ne remplace pas l’effort, mais il accompagne déjà les esprits en formation.
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