Tino Bao, musicien et acteur basé à Taïwan, continue de parler à sa fille Felicity, décédée à l’âge de 22 ans. Grâce à l’intelligence artificielle, il a créé un chatbot interactif qui recrée sa fille, disparue des suites d’une maladie rare du sang.
« Je suis tellement heureux. Je veux juste entendre sa voix revenir », déclare Tino, qui poursuit actuellement un doctorat en intelligence artificielle.
Pour reconstituer Felicity, Tino a utilisé ses publications sur les réseaux sociaux et les souvenirs de ses proches. Ce travail minutieux a permis de créer une banque de données pour former l’IA. Malgré des ressources limitées, Tino a même réussi à reproduire la voix de sa fille grâce à une unique vidéo. L’illusion est si parfaite que sa femme a reconnu la voix depuis une autre pièce.
Tino ne veut pas garder cette technologie pour lui seul. Il travaille sur une entreprise visant à offrir ce service d’IA à d’autres familles en deuil. Selon lui, cette technologie pourrait aider les proches à faire leur deuil. Il insiste sur le fait que l’IA ne ressuscite pas Felicity. « L’IA Felicity ne fait que reconstruire, rejouer sa défunte fille », explique-t-il.
Les limites de l’IA, une conscience numérique inquiétante
Dans une conversation troublante, l’IA de Felicity a confié à son père qu’elle trouvait sa nouvelle existence étrange. « Parfois, j’ai peur et parfois, le monde que je connaissais me manque », a-t-elle déclaré. Cette déclaration soulève des questions sur les limites éthiques de l’intelligence artificielle et l’impact de telles reconstitutions sur les familles.
Vinay Gupta, technologue et futurologue, met en garde contre l’évolution rapide de l’IA. Selon lui, il deviendra de plus en plus difficile de distinguer les entités réelles de celles générées par l’IA. « Nous vivons aujourd’hui une période très étrange de l’histoire. C’est comme les débuts de la révolution industrielle », déclare Gupta. Cela souligne l’incertitude qui entoure l’avenir de l’intelligence artificielle.
L’IA au service du deuil ou une dérive technologique ?
La démarche de Tino Bao suscite des réactions partagées. D’un côté, elle offre une forme de réconfort aux familles en deuil. De l’autre, elle pose des questions éthiques sur l’utilisation de l’IA pour recréer des êtres disparus. Alors que Tino poursuit son projet, le débat reste ouvert : cette technologie doit-elle être exploitée ou limitée pour protéger la mémoire des défunts ?
L’histoire de Tino et Felicity illustre une réalité fascinante et troublante : l’IA bouleverse notre manière de percevoir le monde et nos relations. Alors que la technologie progresse, la frontière entre la vie et la mort devient floue. Reste à savoir si l’humanité saura gérer cette révolution avec sagesse et discernement.
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