Alors que les internautes s’amusent à transformer leurs photos en images façon Ghibli grâce à ChatGPT, une vidéo ressurgit. Celle d’Hayao Miyazaki, visionnaire du studio, qui prononce des mots très durs à propos de l’IA.
Cette séquence, filmée il y a près de dix ans, prend aujourd’hui une résonance particulière. Miyazaki y exprime son rejet frontal de la technologie, alors encore balbutiante, mais déjà prometteuse. Son discours, grave et lucide, contraste avec l’usage ludique qu’en font aujourd’hui les plateformes.
La nouvelle version de ChatGPT permet depuis peu de générer des images au style Ghibli. Il suffit de quelques phrases pour transformer une photo en illustration digne de Princesse Mononoké ou Le Voyage de Chihiro.
Des scènes politiques, des portraits célèbres ou des souvenirs familiaux passent tous à la moulinette de l’IA. Le phénomène séduit, intrigue, amuse, mais soulève aussi des réactions contrastées. Les plus critiques rappellent que ce style appartient à un studio animé par une profonde humanité.
Une réaction glaçante face à une démonstration technique
En 2016, Miyazaki assiste à la démonstration d’une animation générée par IA : un zombie rampant maladroitement. Les ingénieurs, fiers de leur prototype, attendent l’avis du maître. Celui-ci, loin de s’émerveiller, prend la parole avec gravité.
« J’ai le profond sentiment que c’est une insulte à la vie elle-même », déclare-t-il, visiblement choqué. Il évoque un ami en situation de handicap, incapable de taper dans la main sans effort. Ce qu’il voit à l’écran lui semble grotesque et insensible. Il conclut sans détour : « Je suis profondément dégoûté ».
Une critique philosophique, pas juste technique
Miyazaki ne s’attaque pas seulement à l’outil, mais à l’intention qui le sous-tend. Pour lui, une animation ne se résume pas à une performance visuelle. Elle doit incarner une expérience humaine, imprégnée de sensibilité et de respect pour la vie.
Il ne condamne pas seulement le résultat, mais ce qu’il perçoit comme une perte d’âme. « Nous autres humains avons perdu la foi en nous-mêmes », ajoute-t-il, tout en continuant de dessiner. Cette phrase, presque prophétique, résonne aujourd’hui plus fort que jamais.
Alors que l’IA gagne du terrain dans tous les domaines créatifs, la voix de Hayao Miyazaki rappelle une chose essentielle : sans humanité, l’image perd sa substance.
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