Google prépare une IA qui saura trier, rédiger et décider dans vos mails à votre place. Et ce n’est que le début.
Demis Hassabis n’en peut plus de sa boîte mail. Il rêve d’un outil capable de trier ses messages, répondre aux plus banals, ignorer les doublons et répliquer avec son ton habituel. Lors du SXSW de Londres, le patron de DeepMind a affirmé : « Je paierais des milliers de dollars par mois pour m’en débarrasser ». À défaut de guérir les maladies ou sauver le climat dès demain, il commence donc par ce fardeau numérique quotidien.
La messagerie IA que prépare Google ne sera pas une simple aider. Il analyserait les mails reçus, identifierait les demandes récurrentes, puis rédigerait des réponses cohérentes et personnalisées. Il pourrait aussi trancher les décisions simples à votre place dans le but de réduire la fatigue mentale et les pertes de temps. « Ce que je veux, c’est une messagerie qui sait ce que je dirais », résume Hassabis. Son objectif ? Libérer du temps et réduire le bruit digital ambiant.
Plus qu’un outil de tri, cette messagerie IA signée Google pourra vous suggérer des actions, vous recommander des contenus et filtrer les distractions créées par d’autres algorithmes. « On pourrait enfin utiliser l’IA pour servir l’individu », explique-t-il. Pour lui, un tel outil agirait comme un rempart face aux sollicitations numériques toxiques. Un genre de garde du corps algorithmique qui veille sur votre bande passante mentale.
L’IA générale n’arrivera pas demain matin
Interrogé sur la fameuse « intelligence artificielle générale » (AGI), Hassabis tempère les attentes. Il estime que sa concrétisation prendra entre cinq et dix ans. Mais il alerte : « C’est très court à l’échelle d’un tel changement ». Selon lui, l’impact attendu équivaut à une nouvelle révolution industrielle. Il invite donc les chercheurs à anticiper ses effets et à structurer dès maintenant les garde-fous nécessaires.
Hassabis imaginait initialement que l’AGI émergerait dans les laboratoires universitaires. Il admet s’être trompé. Les applications concrètes se sont révélées si immédiates que les géants de la tech s’en sont emparés bien avant le monde académique. Cette course mondiale, désormais lancée, oppose les entreprises autant que les nations. Il plaide alors pour une coopération entre États-Unis et Chine sur ces sujets vitaux.
Une abondance technologique, mais pour qui ?
À long terme, Hassabis évoque un scénario où l’IA résoudrait les grands problèmes énergétiques et productifs. Il parle d’« abondance radicale », une société où les ressources seraient massivement disponibles. Mais il pose une question centrale : cette richesse sera-t-elle partagée ? Il appelle économistes et sociologues à anticiper les déséquilibres. « Il faut y réfléchir maintenant », martèle-t-il. Pas une fois que les dés seront jetés.
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