Depuis les débuts de l’informatique, une idée rôde en silence : la machine pourrait penser. Si cette hypothèse faisait jadis sourire, elle suscite aujourd’hui de vraies inquiétudes, surtout depuis que des IA comme ChatGPT, Gemini ou Claude interagissent presque comme des humains.
L’intelligence artificielle générale (ou AGI) n’est pas une version améliorée d’un assistant vocal. C’est une machine capable de résoudre tout type de problème avec logique, mémoire, intuition et même sensibilité. IBM la décrit comme « un système capable d’égaler ou dépasser les capacités humaines dans n’importe quelle tâche ». Contrairement aux IA actuelles qui prédisent des mots ou des actions, l’AGI devrait prendre ses propres décisions.
Une vraie AGI serait capable d’apprendre seule, de développer une conscience, de comprendre des situations complexes et d’adapter son comportement sans qu’un humain intervienne. Pas question ici d’un simple outil. Il s’agirait d’un acteur à part entière de notre monde cognitif.
ChatGPT et ses cousins sont-ils déjà là ?
Pour l’instant, aucun chatbot connu n’est véritablement une AGI, y compris ChatGPT. Même si certains ont passé le test de Turing, cela reste une illusion. Comme le rappelle IBM, prédire le mot suivant ne prouve pas qu’une IA comprend ce qu’elle dit.
Pourtant, les discussions se multiplient. En 2022, un ingénieur de Google a affirmé que LaMDA avait une personnalité. Plus récemment, GPT-4.5 aurait réussi à tromper des humains, selon une étude. Mais la plupart des spécialistes restent sceptiques. Ils rappellent que ces outils excellent dans l’imitation, pas dans la réflexion autonome.
Jusqu’où et jusqu’à quand ?
Le chercheur Ray Kurzweil estime que l’AGI sera atteinte dès 2029. Il en parlait déjà en 2005 et vient de confirmer cette prédiction dans « The Singularity Is Nearer ». Selon lui, l’intelligence non biologique dépassera bientôt celle des humains. Son optimisme est partagé par certains. D’autres, en revanche, fixent l’échéance autour de 2059, comme l’indique une vaste enquête menée auprès de chercheurs en IA.
Mais une frange reste prudente. Pour eux, cette intelligence-là pourrait n’arriver que bien plus tard, voire jamais. L’idée même de conscience chez une machine divise encore.
Les LLM : catalyseurs ou impasses ?
Ilya Sutskever, co-créateur d’OpenAI, pense que les modèles de langage comme ChatGPT nous rapprochent de l’AGI. En apprenant à prédire, ils développent une forme de compréhension. Demis Hassabis, patron de DeepMind, soutient lui aussi cette vision. À leurs yeux, les LLM pourraient représenter une étape.
Pour d’autres comme François Chollet ou Yann LeCun, c’est tout l’inverse. Ils accusent ces outils d’avoir freiné les véritables recherches sur l’intelligence générale. Leur logique statistique serait trop limitée pour aboutir à une conscience réelle.
La machine pensera-t-elle un jour comme nous ? Peut-être. Mais pour l’instant, elle se contente de nous imiter. Et cette frontière, entre illusion et autonomie, fait toute la différence.
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