Vous avez déjà surpris une IA à inventer des faits ? Vous n’êtes pas seul. Que ce soit avec ChatGPT, Claude ou Gemini, tous les grands modèles de langage peuvent produire des erreurs. Mais lorsqu’on leur demande de vérifier une information douteuse, ils admettent parfois leurs fautes.
C’est précisément ce phénomène que le « prompt chaining » exploite : la capacité d’un modèle à s’auto-corriger. Cette technique consiste à découper une tâche complexe en plusieurs étapes simples, chacune exécutée séparément. En procédant ainsi, les réponses deviennent plus fiables et beaucoup plus claires.
Le principe du prompt chaining est limpide. Il s’agit d’enchaîner plusieurs instructions courtes plutôt qu’un seul prompt long. Chaque sortie est ensuite injectée dans le prompt suivant, comme une chaîne. Selon les cas, cela peut aller de deux à plusieurs dizaines d’étapes successives.
Cette structuration permet de limiter les erreurs, car le modèle ne se concentre que sur une tâche à la fois. Comme l’explique Anthropic, « des instructions simples, claires et bien balisées » améliorent la compréhension du contexte par l’IA. Des balises XML peuvent par exemple entourer les résultats intermédiaires pour renforcer la lisibilité.
Le seul inconvénient ? Le prompt chaining demande un temps d’élaboration plus long. Mais le gain de précision justifie largement l’effort.
Un exemple concret appliqué à la veille d’actualité
Prenons un exemple concret avec GPT-4o pour réaliser une veille. D’abord, on lui demande de collecter des informations sur un sujet spécifique à partir de sources fiables. Ensuite, un second prompt demande dix conseils pour améliorer la clarté du texte produit. Enfin, un troisième prompt applique ces conseils au texte initial pour obtenir une version finale optimisée.
Chaque étape est isolée, simple à traiter et clairement encadrée. Résultat : un contenu bien structuré, cohérent et beaucoup plus précis que ce qu’un prompt unique aurait généré.
Pourquoi cette méthode fonctionne aussi bien ?
La force du prompt chaining repose sur le principe de l’attention ciblée. Comme le souligne le célèbre article Attention is all you need, les modèles de langage excellent lorsqu’ils peuvent se concentrer sur des unités précises d’information.
En morcelant une tâche complexe en séquences simples, on permet à l’IA de mobiliser toute sa capacité cognitive sur une seule étape. Cela évite les confusions, améliore le raisonnement logique et favorise une meilleure traçabilité des erreurs potentielles. « On peut mieux identifier l’étape fautive », précise la source, un avantage considérable par rapport à des approches comme la chain-of-thought.
Quand faut-il privilégier le prompt chaining ?
Ce procédé est particulièrement recommandé lorsqu’un résultat final dépend de plusieurs micro-tâches. Par exemple, rédiger un texte structuré, croiser des données, ou construire un petit agent conversationnel.
Il devient aussi indispensable lorsqu’on souhaite pouvoir auditer facilement le raisonnement de l’IA. En revanche, pour des tâches déjà orientées vers le raisonnement pas-à-pas, le bénéfice sera moindre. Les modèles conçus pour cette logique n’ont pas besoin de découpage supplémentaire. Il faut donc réserver le prompt chaining à des usages nécessitant un contrôle rigoureux de chaque étape.
Pour aller encore plus loin, une variante baptisée LLM as a judge propose d’utiliser un deuxième modèle pour corriger le premier. Le principe : générer une réponse avec un premier modèle, puis demander à un autre modèle de juger si cette réponse contient des erreurs. Par exemple : un modèle A rédige une biographie de Warren Buffett, puis un modèle B doit répondre « OUI » ou « NON » à la question « contient-elle des erreurs ? ». Si la réponse est « NON », on peut valider la sortie. Sinon, on ajuste la génération ou on réécrit la question.
Pourquoi utiliser deux modèles différents ?
Utiliser deux modèles permet d’éviter ce qu’on appelle le biais d’auto-confirmation. Un modèle tend à valider ses propres sorties, même si elles sont fausses. En revanche, un second modèle, idéalement plus performant, peut repérer les incohérences ou les erreurs. Cette double vérification réduit drastiquement les hallucinations. « Chaque modèle a ses propres angles morts », précise la source. Il est donc essentiel de croiser les points de vue pour maximiser la fiabilité de la réponse finale.
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