AGI, singularité, les géants de l’IA, ainsi que les experts discutent aujourd’hui d’un avenir dans lequel l’intelligence artificielle surpassera l’humain. Deux questions se posent cependant. L’intelligence artificielle représentera-t-elle le salut de l’humanité ou sa perte ? Constituera-t-elle un levier d’émancipation pour les populations les plus démunies ou consolidera-t-elle plutôt la domination d’une élite technologique ? En tout cas, l’Europe est en retard face aux autres pays, et Nvidia pense avoir la solution pour pousser notre pays.
Pourtant, lors de la VivaTech à Paris du 11 au 14 juin dernier, Jensen Huang, PDG de Nvidia, affirme qu’il s’agit ni d’une dystopie ni d’une domination.
L’IA restera, jusqu’à la singularité, un simple outil. Et il s’agira en d’autres termes d’un égalisateur qui va équilibrer les règles du jeu. Sans quoi, l’Europe restera à la traine.
Nvidia ne sera donc pas le seul fournisseur de puces IA. Et il n’a pas comme objectif de concentrer le pouvoir entre quelques entreprises dont il fournit les matériels.

Déjà 18 000 puces Nvidia déployés dans toute l’Europe
Lors de sa prise de parole, Jensen Huang a transformé la VivaTech en une occasion pour annoncer les prochaines infrastructures IA de l’Europe.
Sa déclaration marque d’ailleurs le développement de la présence de Nvidia, tant physique que stratégique, dans le secteur de l’intelligence artificielle européenne.
Seulement en France, Nvidia a déjà déployé plus de 18 000 puces Blackwell à travers son partenariat avec Mistral AI.
Outre-Rhin, Nvidia développe une plateforme cloud dédiée à l’IA industrielle, conçue spécifiquement pour soutenir le secteur manufacturier allemand.
Cette stratégie d’expansion se décline également dans d’autres pays européens. Notamment l’Italie, l’Espagne, la Finlande et le Royaume-Uni.
L’Europe au cœur des projets IA de Nvidia
Mis à part les projets de Nvidia pour l’Europe, Jensen Huang a aussi indiqué un partenariat avec Perplexity.
Cet accord vise à fournir des solutions d’IA autonomes destinées aux secteurs de l’édition et des télécommunications à travers toute l’Europe.
À cela s’ajoute le lancement d’une infrastructure cloud inédite que Nvidia espère développer avec Mistral AI.
Il est aussi question de développer un projet collaboratif ambitieux impliquant les constructeurs automobiles BMW et Mercedes-Benz. Cela afin de mieux entraîner les systèmes IA intégrés dans les chaînes de production automobile.
Mais tous ces projets de Nvidia pour l’Europe ne sont pas sans risques
Oui, ces projets de Nvidia pour l’Europe peuvent nous aider à rattraper notre retard par rapport aux autres pays comme les États-Unis et la Chine.
Mais quoi qu’il en soit, des voix critiques s’élèvent et accusent un risque d’aristocratie numérique. Donc un système exclusif en d’autres termes.
Ce qui veut dire que seules les organisations fortunées pourraient accéder aux ressources que va fournir Nvidia.
De même pour les talents techniques nécessaires pour le développement de l’IA. Au risque de freiner la créativité et l’esprit d’entrepreneuriat, deux facteurs clé de l’environnement technologique.
Mais le PDG de Nvidia voit les choses autrement et souligne qu’ils ont comme objectif de démocratiser la technologie d’IA en réduisant le coût d’accès.
La prudence a ses mérites, mais cette comparaison oublie que l’Europe construit différemment – et souvent plus durablement. À VivaTech justement, on voit que l’innovation française sait être audacieuse.
Une IA souveraine aiderait l’Europe à rattraper son retard
Reconnu pour son avance en matière de droits numérique, l’Europe fait toujours face à un dilemme majeur par rapport au développement et à l’adoption de l’IA.
Et tandis que Bruxelles travaille sur une réglementation mondiale de l’IA, d’autres experts alertent sur les dangers d’une approche trop prudente qui pourrait coûter à l’Europe sa position concurrentielle.
Voyez par vous-même ! La Chine et les États-Unis dominent actuellement le secteur de l’intelligence artificielle. Et la majorité des géants de l’IA sont basés hors d’Europe.
À ce rythme, on ne parlerait plus de retard. Et l’Europe deviendrait un pays marginal dans la course à l’IA.
C’est justement dans ce contexte que Huang propose une alternative à l’Europe. Et ce n’est autre que l’IA souveraine.
Ce sera grâce à cette approche que l’Europe pourrait éviter l’isolement. Et dans son ensemble, la solution que propose Nvidia vise davantage l’autonomie technologique.
En gros, on devrait bientôt pouvoir créer des systèmes qui s’alignent sur les valeurs locales. Soit des systèmes qui ne dépendent pas des géants comme OpenAI.
Pour Jensen Huang, les données utilisées par l’intelligence artificielle appartiennent à l’Europe. Il souligne d’ailleurs qu’elles incarnent l’histoire, la culture et l’identité d’un peuple ou d’un pays.
Pourtant, les inquiétudes persistent quant aux éventuelles mauvaises utilisations de l’IA. Notamment la surveillance généralisée, les deepfakes, l’automatisation massive ou encore les biais présents dans les algorithmes suscitent des débats éthiques.
Huang ne nie pas ces risques, mais reste convaincu que bien encadrée, la technologie peut apprendre à se corriger elle-même et évoluer dans une direction plus sûre, au service de l’humanité.
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