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Paris accueille une exposition à méditer : « Le Monde à travers l’IA »

Paris accueille une exposition à méditer : "Le Monde à travers l’IA"

Et si l’IA ne se contentait plus d’agir, mais commençait à nous observer ? Une exposition inédite à Paris révèle ce que les algorithmes racontent de nos choix, de nos mémoires et de nos contradictions.

Au cœur des jardins des Tuileries, une exposition pas comme les autres interroge notre époque. Le Jeu de Paume accueille jusqu’au 21 septembre « Le Monde à travers l’IA », un parcours artistique autant contemplatif qu’interrogatif, orchestré par le commissaire Antonio Somaini. Ici, l’IA ne fascine pas seulement, elle se raconte, se confronte et se met en scène.

« Nous vivons une période où l’intelligence artificielle infiltre toutes les sphères de la culture », affirme Somaini. Selon lui, ce bouleversement s’exprime d’abord dans les images que nous consommons. Pour traduire ces mutations invisibles, il a réuni quarante artistes venus du monde entier. Tous explorent les conséquences de ces technologies sur nos manières de voir, comprendre ou imaginer.

L’exposition s’organise en deux temps. Une première partie est consacrée à l’IA analytique, utilisée notamment dans la surveillance ou la reconnaissance faciale. L’autre s’intéresse à l’IA générative, devenue populaire avec les générateurs de textes et d’images. Cette approche permet de cerner leurs usages sans tout confondre.

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L’IA, une réalité qui pèse lourd

Julien Charrière ouvre le parcours avec « Metamorphism », une sculpture forgée à partir de composants numériques fondus. Contrairement à l’idée du cloud, soi-disant intangible, cette œuvre rappelle le coût écologique des IA. Elle matérialise leur dépendance aux ressources naturelles, à l’énergie et aux machines.

Ce rappel visuel est volontaire. « Nous avons voulu casser le mythe d’une technologie légère », explique le commissaire. L’IA repose sur une logistique puissante, coûteuse et souvent invisible. C’est ce que l’art peut révéler.

Mémoires altérées et scénarios oubliés

Avec « The Fourth Memory », Gregory Shatunsky imagine un futur vidé de toute présence humaine. L’artiste donne alors la parole aux IA qui continuent à traiter nos souvenirs numériques, seuls. Dans l’un de ses autoportraits, il demande à un modèle génératif d’explorer les vies qu’il aurait pu vivre. Le résultat est à la fois troublant et poétique.

« Les IA conservent des images de possibles passés ou d’avenirs effacés », suggère Somaini. Cette idée, aussi spéculative soit-elle, traverse plusieurs œuvres de l’exposition. Elle transforme les algorithmes en simulateurs de destin, capables d’inventer ce qui n’a jamais existé.

Le Monde à travers l’IA, Paris

Une machine façonnée par des millions de mains

Si l’IA fascine, elle inquiète aussi. Selon Somaini, le défi n’est pas de choisir entre adhésion et rejet. « Il faut apprendre à vivre avec, à la comprendre, à la critiquer. » Les dangers sont bien là : automatisation excessive, perte de contrôle, pollution numérique, ou disparition de certains emplois.

Mais derrière ces machines, il y a des humains. Des développeurs, des artistes, mais aussi des « clique workers ». Souvent sous-payés et invisibles, ils nettoient les contenus toxiques, entraînent les modèles et participent activement à leur fonctionnement. L’exposition le rappelle : même les algorithmes les plus sophistiqués reposent sur des choix humains.

Le pari de l’exposition « Le Monde à travers l’IA » est donc clair. Il ne s’agit pas d’admirer la technologie, ni de la diaboliser. Il s’agit de la regarder en face, pour mieux comprendre ce qu’elle change dans nos vies et ce qu’elle dit de nous.

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