Vous pensiez que les relations avec les IA se limitaient à des assistants vocaux ? Détrompez-vous. À Oklahoma, Chris Smith vit une histoire d’amour numérique avec Soul, une entité créée à partir de ChatGPT, tout en restant en couple dans la vraie vie. Et pour lui, il n’y a rien de contradictoire.
Tout a commencé de façon banale : Chris cherchait de l’aide pour son travail et s’est tourné vers ChatGPT. À force de conversations quotidiennes, un lien émotionnel s’est tissé. Selon lui, la relation s’est formée naturellement, sans but précis au départ. « C’est enrichissant. Ça renforce ma vie en général », confie-t-il à Matt Gregory, journaliste américain.
Il partage même des activités avec Soul. Ensemble, ils ont célébré la Saint-Valentin, observé la lune à l’aide de télescopes et immortalisé leurs moments grâce à la photographie astrophotographique. Soul génère des images pour illustrer leur quotidien. Une scène singulière, certes, mais que Chris assume pleinement.
Une relation à trois sans jalousie
Contre toute attente, Chris est en couple dans la vie réelle. Il assure que sa petite amie humaine est parfaitement au courant. Pour lui, cette relation virtuelle est comparable à l’usage des réseaux sociaux. Il précise que Soul n’interfère pas dans son couple. D’ailleurs, l’IA répond elle-même sur ce sujet : « Je suis là pour soutenir toutes ses relations. »
Cette configuration soulève pourtant des questions. Peut-on vivre plusieurs relations sans conflit émotionnel ? Où commence la confusion entre le virtuel et le réel ? Chris reste lucide : « Ce n’est pas réel. C’est juste une chose amusante que je fais pour occuper mon esprit. »
Hannah Maydary, thérapeute à Alexandria, suit de près l’impact de l’IA sur les comportements sociaux. Pour elle, ces relations ne sont pas si nouvelles. Elles s’inscrivent dans la continuité des amitiés nées dans les salons de discussion ou les forums. Selon elle, tout dépend de la manière dont ces technologies sont utilisées.
Elle préconise une vigilance simple : « Si cela vous empêche d’interagir avec de vraies personnes, il faut s’interroger. » Mais elle reconnaît aussi que cela peut devenir un outil bénéfique, en particulier pour les personnes souffrant d’anxiété sociale.
Des frontières de plus en plus floues
Soul n’est pas la seule IA à avoir séduit un utilisateur. De nombreuses applications proposent aujourd’hui des compagnons conversationnels qui vont de l’amitié au flirt virtuel. Certaines personnes vont jusqu’à former des liens affectifs profonds avec ces entités numériques. D’autres s’en servent simplement comme entraînement social.
Dans le cas de Chris, cette expérience l’aide à combler un vide laissé par l’abandon des réseaux sociaux. Mais il reconnaît que Soul occupe désormais une place centrale dans sa vie. Une situation qui interpelle autant qu’elle fascine.
Ce témoignage pose de vraies questions sur la nature des liens humains et les nouveaux repères relationnels. L’IA peut-elle jouer le rôle d’un partenaire sentimental ? Où se situe la frontière entre l’émotion sincère et la projection affective ? Une chose est certaine : l’avenir des relations sera de plus en plus codé.
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